L’entretien Photographique de Avril Bénard

C’est peut-être parce qu’elle est née sans manquer de rien que son premier roman s’intitule À ceux qui ont tout perdu et raconte un exode. À l’inverse de son histoire personnelle, comme un pied de nez à celles et à ceux qui s’attendraient à une autofiction, l’originalité sied à cette jeune femme singulière. Née en 1986, égérie depuis l’enfance de la géniale photographe Sarah Moon, puis comédienne, styliste au théâtre et maintenant auteure, Avril Bénard – visage menu forcément admiré un jour ou l’autre dans une campagne publicitaire ou une série mode de Vogue ou Elle – a d’abord été l’enfant unique de ses parents antiquaires. D’où sa relation aux objets anciens, à leur beauté, à leurs histoires et à ce qu’ils racontent de ceux qui les ont un jour possédés. « Je n’ai pas 40 ans mais j’ai un rapport nostalgique à la vie, aux choses du quotidien. Comme si devoir partir dans l’urgence risquait à chaque instant de m’arriver. Qu’est- ce que je choisirais alors d’emporter avec moi ? Qu’est-ce qui résumerait le mieux ma vie, que je ne pourrais abandonner ? » C’est le sujet de son livre en temps de guerre imaginaire, où se croisent Paul, Louis, Marek, ainsi qu’une vieille dame, une mère et sa fillette. Avril Bénard aux mille facettes se trouve dans chacun de ces personnages, mais sans doute un peu plus dans l’enfant que dans les autres. « C’est très particulier de grandir dans un appareil photo, qui vous suit pendant trente ans et vous invente tout à la fois. ». Face à l’objectif d’Alexandre Isard, elle continue l’exercice avec naturel.

Le féminisme ?

Si on vous demande de choisir entre jouer et écrire ?

40 ans, cela vous fait peur ?

Une partie de vous que vous détestez montrer ?

Être choisie par Sarah Moon comme modèle ?

Son Actu :À ceux qui ont tout perdu, avec une préface de Sylvie Germain, éd. des Instants, 200 p., 19 €. ...