Le mot de l’éditeur #19

L’Union européenne revendique six valeurs fondamentales : liberté, démocratie, égalité, respect de la dignité humaine, des droits de l’homme et de l’État de droit. Elle précise, dans le traité de Lisbonne, qu’elle se donne pour objectifs, par-delà ses frontières, d’affirmer et promouvoir ses valeurs et ses intérêts, de contribuer à la paix et à la sécurité, ainsi qu’au développement durable de la planète, de contribuer à la solidarité et au respect mutuel entre les peuples, au commerce libre et équitable, à l’élimination de la pauvreté, et de respecter strictement le droit international. Voilà un programme ambitieux et humaniste que chacun devrait adopter. Comment expliquer que dans le grand jeu diplomatique actuel l’Union européenne ne soit pas en mesure de défendre ses valeurs et ses objectifs ? Qu’elle soit aussi nettement marginalisée ? Exemple : la guerre en Ukraine est essentiellement une affaire entre les États-Unis et la Russie – Washington ayant livré 70 % de l’aide militaire à Kiev pour contrer l’attaque russe – et toute résolution du conflit passera par un accord entre ces deux puissances. Dans le même temps, la plupart des pays du Sud ont refusé de prendre position, générant une grande frustration chez les Occidentaux.  Au-delà du conflit russo-ukrainien, l’influence de l’Union européenne décline un peu partout. Au Moyen-Orient, l’Europe a totalement disparu de la scène diplomatique, n’intervenant ni sur le conflit au Yémen (où la Chine fait office de médiateur), ni sur le réalignement de la Ligue arabe, sous l’impulsion de l’Arabie saoudite, avec la réintégration de la Syrie. En…