Peur virile

Mon neveu dit que les hommes ont peur. Enfin, pas lui, il précise. Sa tante (moi) lui rappelle depuis longtemps qu’une fille qui dit « non » ne pense pas « oui », alors il a compris. Et puis sa mère (ma sœur) a toujours ajouté qu’il avait le droit de ne pas avoir envie, lui non plus, et surtout pas tout le temps, et pas n’importe comment, et c’est sans doute pour ça qu’à 15 ans, il est plus détendu du masculin que ne l’étaient mes camarades de collège… Sauf là. Là, il insiste, mu, sans doute, par une forme de solidarité masculine de principe, qu’on n’a pas encore réussi à lui décoller du bulbe, ma sœur ou moi. Il dit : « mes-copains-ont peur-depuis-MeToo-ils-ne-savent-plus-comment-draguer ». La phrase est débitée d’une traite, c’est en général à ça qu’on reconnaît les conneries toutes faites. Je réponds : « Mais qui ? Et pourquoi ? Et de quoi ? » Et ma rafale de questions tombe sur ce gosse que j’adore, et c’est injuste, et il est tout petit, et le rapport de force entre nous est totalement déséquilibré à ce stade de la discussion, et Léonard, si tu lis ces lignes, encore pardon. Mais j’en ai marre. Marre de l’entendre, cette rengaine vieille comme les luttes féministes et qui n’a d’autre objectif que de faire vibrer, en chacune de nous, cette satanée corde de l’empathie qu’on nous a greffée au cœur à partir du jour où on a vu la lumière. Marre de perdre, et de voir perdu, ce temps fou à les rassurer,…