Smith and Fashion

Le designer britannique Paul Smith a imaginé un accrochage exceptionnel, visible tout l’été, des œuvres du géant espagnol. Une rayure de plus au costume de ce Knight Bachelor.   D’une rockstar, il a le look. Avec sa haute taille, son éternelle minceur et ses cheveux longs, on lui trouverait des accointances avec des légions de bassistes ou de guitar hero râpés par des décennies de tournées planétaires. Quand il se déplace, Paul Smith attire les regards, aimante les foules. Bon prince, il se prête aux selfies, sourit, serre les mains, toujours simple, élégant, parfois volubile, il éclate de rire puis répond aux questions sans chercher à se dérober, pas snob pour un penny. En somme, il a du style, et cela fait du bien. D’ailleurs, Paul Smith a l’air d’être un type bien. Quand le musée Picasso a proposé à ce grand manitou de la couleur une « carte blanche », paradoxe pour un créateur dont les rayures multicolores sont la signature, Paul Smith a senti le vent du boulet. On a vite fait de se ridiculiser. Si Picasso est le symbole de la peinture, comme Le Corbusier celui de l’architecture, Paul Smith a conscience de ne pas l’être pour la mode. Pour incarner cette industrie qui se veut un art, on lui préfère souvent un Dior ou un Saint Laurent. Il savait donc devoir affronter plus fort que lui, un mythe, une légende. Il n’a pas dit oui, il n’a pas dit non. Il en parlé à Pauline, sa femme, rencontrée quand il avait…