Une forme de sainteté

Alice et son compagnon ne sont plus seuls. Depuis leur emménagement à Paris, il leur faut s’ouvrir aux autres. Plus de forêt aux alentours, ne reste que la foule pour s’accrocher aux branches. On sort, on travaille, on s’adapte au monde qui chauffe pendant que le couple, lui, bouillonne de l’intérieur. Voilà, Alice n’est plus celle qu’elle pensait être. Est-ce un problème ? Non, puisque si « avant, elle aimait la présence des gens [...]. Elle est tellement plus heureuse aujourd’hui ». Avec lui.  Le cœur du roman est ici : Alice est sous l’emprise d’un compagnon dont elle se convainc qu’elle pourra le sauver. Pour cela, il lui faut encaisser. Alors, petit à petit, tout est minimisé. Une altercation ? C’est « juste une dispute de couple ». Il s’énerve ? C’est peut-être de sa faute, à elle. Pourtant, Alice ne se pose pas en victime, pas même lorsqu’il la contraint à accepter un travail dans une association diocésaine, à un poste qu’elle ne maîtrise pas plus qu’elle ne le comprend. Elle a deux jours pour se renseigner, « deux jours et le retour, enfin, de leur bonheur à tous les deux ». Pour cette femme qui, jusqu’à ses 10 ans, passait sa vie sur la côte pacifique du Guatemala, loin de tout questionnement agnostique, le changement est brutal.  Dans ce nouveau monde professionnel, l’œil de ce compagnon est toujours présent. Même lorsqu’il n’est pas là. Au travail comme ailleurs, Alice doit se justifier. Envoyer un selfie pour montrer qu’elle est bien là où elle prétend être. Essuyer les insultes en…