Noir Brésil

Rita Carelli signe un roman sur l’Amazonie qui mêle fiction, anthropologie et écologie. Un livre pour apprendre et comprendre.   La déforestation a ralenti de 50% en Amazonie en 2023, mais grimpé de 43% plus au sud, dans la savane du Cerrado, où se situe le premier roman de Rita Carelli, Terre noire, paru au Brésil en 2021 – Bolsonaro était alors président. Plus précisément, dans le parc indigène du Xingu, dans le Mato Grosso. La narratrice, Ana, une ado qui vient de perdre sa mère, chez qui elle vivait à São Paulo, suit son père, archéologue, dans un village du Haut-Xingu et vit parmi les indigènes. Née en 1984, Rita Carelli a puisé dans son autobiographie: sa mère était anthropologue, son père cinéaste et «indigéniste». Elle-même est devenue actrice, réalisatrice et plume d’Ailton Krenak, leader d’un mouvement indigène brésilien. Terre noire est un coup de maître, aussi riche que la «terre noire», exceptionnellement fertile, que cultivent les Indiens du Cerrado. Si vous êtes bolsonariste, Terre noire vous horripilera, mais si vous pensez que la planète n’est pas faite pour être anéantie, il risque de vous emballer. Carelli excelle à tisser fiction, écologie et anthropologie sans que l’on sente le «document». Le lecteur apprend beaucoup, au fil des pages, de même qu’Ana débarquant de sa mégalopole et se faisant des amis parmi les indigènes, comme Kassuri, villageoise de 13 ans qui vient d’avoir ses premières menstruations et a été isolée pour plusieurs mois, le temps d’apprendre des rudiments d’artisanat et la façon…