Loin de la surenchère théorique, loin de la logorrhée conceptuelle chère à ses camarades littéraires d’alors, Aragon nous dépeint dans ce texte onirique et exalté un véritable état-civil de l’être surréaliste.
Une vague de rêves, achevé en juin 1924, soit quatre mois avant la publication du manifeste d’André Breton, ne s’embarrasse pas de dogmes abstraits ni d’une recherche effrénée de l’orthodoxie intellectuelle.
Dans cette profession de foi où se reconnaît déjà le style du romancier en gestation, l’auteur du Paysan de Paris offre au lecteur contemporain un aperçu de ce que Maurice Nadeau appelait « les temps héroïques du surréalisme », antérieurs aux bavardages bureaucratiques et aux compromissions politiques du mouvement.
Une seule trame, une seule obsession habite les lignes de ce texte : trouver la porte d’entrée vers le monde intérieur et obscur, jusqu’alors inexploré, de la surréalité. Cet espace ténu né du rapport dialectique entre le réel et l’imaginaire, y est présenté comme une nouvelle échelle de la conscience, une conquête de l’esprit surpassant largement le simple domaine de l’art ou de la poésie, une attitude de vie révoltée contre « l’ancien régime de la pensée » devant révéler à ses adeptes les mystères occultes de la vie humaine…
Dans cette nouvelle édition, publiée par Seghers, le lecteur trouvera également un extrait du livre-entretien Aragon parle, réalisé par Dominique Arban en 1968, collectant les souvenirs du poète replongé dans sa verve d’antan et éclairant à la lumière de la maturité son idéal de jeune surréaliste…