Nicolas Mathieu, sentences de solitude

Avec Le Ciel ouvert, le Goncourt 2018 s’enfonce plus avant dans notre besoin d’universalité. Au cœur de ses réflexions : l’amour, l’union et surtout le temps qui passe.   Les livres de Nicolas Mathieu portent haut l’ambition de nous faire sentir moins seuls. Et leur auteur l’assume, « ce qui permet l’accès à quelque chose de collectif, c’est l’effort littéraire. En cherchant les bons mots et en visant une justesse dans l’élaboration du texte, on peut atteindre une certaine forme d’universalité. » Avec Le Ciel ouvert (éd. Actes Sud), sa nouvelle œuvre hybride, Nicolas Mathieu légitime notre besoin d’union. Quoi de mieux que parler d’amour pour que nos solitudes se rencontrent. « Il y avait une volonté de fixer quelque chose de mon histoire, mais de la fixer pour que ça devienne collectif. Si cela avait été une affaire de nombril, je ne l’aurais pas fait. Que les gens puissent s’y reconnaître et y trouvent les mots pour leurs propres histoires, voilà ce qui comptait. » Mais attention, l’écrivain se dit toutefois « très peu partisan de la littérature pansement ». Ses ouvrages bousculent, réhabilitent et, dans Le Ciel ouvert, comme dans ses romans, s’entendent les échos d’un monde qui s’éteint : celui de nos banlieues, égarées entre les lessives, les embouteillages et les prêts à rembourser. Des voix qui peinent à atteindre et être entendues, faute de temps accordé. Puisque chez Nicolas Mathieu tout est toujours affaire de temps. « Le Ciel ouvert décrit des affects bruts liés au temps. » L’auteur le sait, « la littérature peut arracher au passage du temps des…