La fuite dans les idées

Mardi gras 1967, Françoise, une ado en internat, décide avec son amie Delphine de faire le mur pour rejoindre une mystérieuse fête costumée dans une grande maison perdue dans les bois. Si Françoise veut tant y participer ce soir-là, ce n’est pas seulement par attrait pour l’aventure: elle est persuadée de mourir à la fin de cette nuit, le pendule qu’elle et Delphine questionnent sur tous les aspects de leurs vies le lui a confirmé. Dès les premières minutes du film, l’ambiance est plantée avec des images saccadés, prenant le feu et la fougue comme matière première, projetant le spectateur dans ce qui fera le cœur du film: la colère maussade de Françoise, parfaite incarnation de la jeune fille brimée par les contraintes de son âge, de son sexe – notamment en cette fin des années 1960, à l’orée de la libération des mœurs impulsée par Mai 68 – et d’un cadre scolaire catholique. Cette maussaderie se transforme cependant, devenant l’incarnation d’une langueur toute adolescente lorsque Françoise cherche par tous les moyens le point de fuite, le point de rencontre avec le danger qui lui permettra d’éprouver une émotion, une sensation. Cette nuit, prévue par Françoise comme celle de toutes les expériences avant sa mort, devient alors un condensé, une esquisse de ce qui constitue cette période entre l’enfance et l’âge adulte, de la cruelle déception amoureuse à la rencontre d’un autre capable d’enlacer toutes les bizarreries qui creusent et construisent peu à peu notre conscience de soi. Vaste programme, que le réalisateur…