Laurent Gaudé : “Il existe encore des milliers d’histoires à raconter”

Connu autant pour ses romans que pour ses pièces de théâtre, Laurent Gaudé découvrit vite la magie des mots portés à haute voix. « Pour un écrivain, le moment où vous voyez vos mots prendre corps à travers la voix, la respiration, les gestes d’un comédien ou d’une comédienne fait l’effet d’une drogue dure. » L’écriture lui permet d’explorer la multiplicité des points de vue, « d’opérer une sorte de révolution copernicienne et d’interroger non pas la réalité objective », mais de rendre compte de «la vérité humaine, faites de contradictions pouvant êtres justifiées.» Et c’est évidemment par la lecture que cette intuition fut trouvée. « J’ai commencé à comprendre la richesse des perspectives à partir du moment où j’ai trouvé les bons livres pour concevoir la profondeur du regard d’autrui. »   La Prose du Transsibérien de Blaise Cendrars « Il s’est passé quelque chose pour moi à la lecture de La Prose du Transsibérien. Ce texte m’a immédiatement plu, probablement parce que j’avais été habitué dans le cadre scolaire à des écritures très classiques. Mais cette utilisation des vers libres, cette longueur du poème… J’ai eu l’impression que quelqu’un s’était amusé à tout mélanger et à oser la liberté. C’est une œuvre qui m’accompagne encore aujourd’hui et qui m’avait même inspiré pour l’écriture de l’une de mes toutes premières pièces de théâtre, Onysos le furieux, écrit sous la même forme que le Transsibérien. » Chronique d’une mort annoncée de Gabriel Garcia Márquez « C’est un texte que j’ai relu de nombreuses fois,…