Terrasses, bouleversant récit choral consacré au 13-Novembre par le Goncourt 2004, fait l’objet d’une création sur scène. Comment dire l’horreur et la peine sans risquer de faire affront à la mémoire des victimes et des survivants? Rendre voix aux disparus des attentats semblait impossible. Huit années sont passées et pourtant, la plaie est encore vive. Si seul Laurent Gaudé pouvait être capable de prendre en charge un tel projet d’écriture, il lui a fallu du temps pour savoir comment s’y […]
Terrasses, bouleversant récit choral consacré au 13-Novembre par le Goncourt 2004, fait l’objet d’une création sur scène. Comment dire l’horreur et la peine sans risquer de faire affront à la mémoire des victimes et des survivants? Rendre voix aux disparus des attentats semblait impossible. Huit années sont passées et pourtant, la plaie est encore vive. Si seul Laurent Gaudé pouvait être capable de prendre en charge un tel projet d’écriture, il lui a fallu du temps pour savoir comment s’y prendre. « Il fallait que cet événement qui nous a tous marqués s’éloigne un peu de moi, que je puisse le regarder avec du recul, afin que je sache quel regard je voulais apporter et quelles formes prendre pour l’envisager. » Tâchant, à son habitude, de s’affranchir du réel et de l’altérer à sa convenance, l’auteur constate que, de façon inattendue, Terrasses a revêtu au cours de l’écriture un «aspect manifeste» visant à montrer ce dont était capable la littérature, « en rendant hommage aux êtres qui payèrent le prix du hasard ». Il arrive dans les textes de Laurent Gaudé que les paroles des vivants et des morts se confondent en un unique chant. Les deux finissent souvent par ne faire plus qu’un, témoignant de « cet écart poreux entre l’individuel et le collectif » si important dans les récits du Goncourt 2004. « Lorsque l’on expérimente la perte d’un être cher, il y a évidemment une source infinie de tristesse mais vient à la suite cette certitude que…
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