En 2018, Gustav Möller réalisait The Guilty, thriller qui avait fait l’objet d’un remake états-unien en 2021, avec Jake Gyllenhaal dans le rôle principal. Ce premier film, qui mettait en scène un homme travaillant au centre d’appels d’urgence, utilisait un procédé cinématographique bien précis pour mettre en place la tension – le hors-champ –, laissant au spectateur le loisir d’imaginer, par les sons, ce qu’il se passait de l’autre côté du téléphone. Au hors-champ se mêlait le huis clos, pour ainsi installer un sentiment […]
En 2018, Gustav Möller réalisait The Guilty, thriller qui avait fait l’objet d’un remake états-unien en 2021, avec Jake Gyllenhaal dans le rôle principal. Ce premier film, qui mettait en scène un homme travaillant au centre d’appels d’urgence, utilisait un procédé cinématographique bien précis pour mettre en place la tension – le hors-champ –, laissant au spectateur le loisir d’imaginer, par les sons, ce qu’il se passait de l’autre côté du téléphone. Au hors-champ se mêlait le huis clos, pour ainsi installer un sentiment d’angoisse permanent. Dans Sons, Gustav Möller utilise de nouveau le huis clos presque intégral, dans le plus clos des lieux – une prison. L’excellente Sidse Babett Knudsen, dont nous avions pu déjà mesurer l’ampleur du talent dans la passionnante série danoise Borgen, une femme au pouvoir, joue ici Eva, gardienne de prison expérimentée, d’apparence exemplaire et en empathie avec les prisonniers, proposant des aides à l’apprentissage scolaire ou des séances de méditation. Sa vie, cependant, semble se résumer à la prison: le réalisateur choisit de ne nous montrer que ses journées de travail et non ses soirs de repos, construisant ainsi le portrait d’une femme solitaire, mais fuyant aussi la solitude d’une maison peut-être désertée – une femme à l’attitude froide mais au regard chaleureux, suscitant dès lors l’empathie du spectateur à son égard. Cependant un jeune homme arrive bientôt dans sa prison, un jeune homme qu’elle semble connaître. Moment de flottement mis en scène par un champ-contrechamp: elle, cadrée épaule, lui, cadré en plongée, prisonnier du regard d’Eva. La frénésie soudaine…
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