Emma Becker, confessions sans concessions

Dans Le Mal joli, la romancière décrit dans une autofiction démonstrative et convaincante la genèse de sa liaison avec un auteur auquel tout semble pourtant l’opposer.   Lorsque nous la rencontrons, l’auteure de La Maison – récit incisif et inédit racontant son expérience de deux années dans une maison close allemande – présente son dernier livre, Le Mal joli, comme « une tentative de description des débuts de la passion amoureuse. J’ai voulu expliquer comment la passion amoureuse s’installe dans l’esprit d’une femme, qui plus est lorsque cette femme est mariée et a des enfants. » D’autant plus que dans cette intrigue aussi saisissante qu’inattendue, rien ne semblait pouvoir rapprocher a priori Antonin, le personnage principal, de la narratrice, dont il devient l’amant. Il est un écrivain mondain et parisien, un écrivain d’origine aristocratique, sorte d’anar de droite à la fois libertin et traditionnel, lecteur de Lucien Rebatet, de Paul Morand et de Robert Brasillach. Elle, pour sa part, assume pleinement – et dans un style bien trempé, peu enclin aux demi-mesures ou aux concessions – des idées, des affinités intellectuelles nettement plus progressistes. « Je me préoccupe des relations hommes-femmes en étudiant ma propre intériorité, par l’analyse des questions de la sexualité et de l’amour. Je tâche de réfléchir sur ce que signifie profondément être une femme, sur toutes les formes que peut prendre cette identité à différents âges de la vie. »   Dans cette intrigue, rien ne semble pouvoir rapprocher le personnage principal de la narratrice.   Différentes…