Transformer le monde, changer la vie

Loin d’être confiné à l’histoire littéraire et artistique du siècle dernier, l’épopée surréaliste a su traverser le temps et les frontières. Retour sur un mouvement à cheval entre mémoire et actualité… Rive droite, la place Blanche où les disciples du mouvement se réunissaient au café Cyrano ; la rue Fontaine où vécut André Breton, pape de cette nouvelle Église ; les Grands Boulevards, symboles du modernisme des Années folles et terreau fertile du rêve ; les premiers cinémas où l’on s’en allait voir des films muets jetant le public dans un rêve éveillé. Rive gauche, le phalanstère de la rue du Château, foyer des frères Prévert qui accueillirent les premières expériences de sommeil hypnotique ainsi que d’abondantes séances d’écriture automatique ; la Centrale surréaliste de la rue de Grenelle, dirigée par Antonin Artaud qui recevait les curieux à bras ouverts et consignait leurs rêves comme des découvertes scientifiques… Plus que n’importe quelle autre ville, la capitale française abonde de secrets et de réminiscences de cette bande de camarades noctambules, jamais avares de promenades oniriques et dont la folie semblait vouée à révolutionner la marche du monde. Desnos l’exalté, Crevel le nihiliste, Éluard le tourmenté, Breton le pur, Aragon le fidèle – pour ne citer qu’eux –, bagarreurs de Montparnasse et de Montmartre, recherchant le scandale pour lui-même, chahuteurs de l’ancien monde rationnel, cartésien et étriqué, militants la nuit et rêveurs le jour… Jusqu’au 13 janvier 2025 le Centre Pompidou consacre une rétrospective à cette épopée décisive pour la vie intellectuelle…