Michel Jullien pose un regard précis sur l’effacement progressif de la France rurale et rend hommage aux « vies minuscules » des campagnes. Traverser un livre de Michel Jullien est un voyage littéraire dont on revient plus riche. Voici une nouvelle réjouissante: l’écrivain vient de publier d’excellentes nouvelles, sous le titre Vu d’un cercle. Saluons les éditeurs qui osent encore publier un tel recueil. Mais s’agit-il vraiment de nouvelles, au fond? Elles sont d’une bonne longueur, les personnages sont minutieusement détourés, […]
Michel Jullien pose un regard précis sur l’effacement progressif de la France rurale et rend hommage aux « vies minuscules » des campagnes. Traverser un livre de Michel Jullien est un voyage littéraire dont on revient plus riche. Voici une nouvelle réjouissante: l’écrivain vient de publier d’excellentes nouvelles, sous le titre Vu d’un cercle. Saluons les éditeurs qui osent encore publier un tel recueil. Mais s’agit-il vraiment de nouvelles, au fond? Elles sont d’une bonne longueur, les personnages sont minutieusement détourés, l’atmosphère soignée, au point que l’on pourrait voir dans ces textes des romans brefs. Peu importe le genre, à vrai dire. Treize fictions composent Vu d’un cercle, volume qui nous envoie à la recherche de mondes disparus, souvent à la fin du xixe siècle ou dans la première moitié du suivant, et souvent dans des campagnes qu’on ne reléguait pas encore au rang de «territoires». L’écrivain cultive une pépinière de mots, reboise la langue française en réhabilitant les mots insolites. Michel Jullien a la dramaturgie qui prend son temps. Il vous installe progressivement dans un univers et lorsque le lecteur a tous les éléments, hop! Le récit prend son envol. Dans une langue juste et ciselée, l’écrivain dit les gestes des gens de peu, les gestes du travail à une époque où le travail était souvent appelé «la besogne». De cette attention remarquable pour ce que Georges Pérec dénommait «l’infra-ordinaire», pour ce que, le plus souvent, les écrivains omettent ou ne voient pas, ou ne savent pas décrire, Michel…
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