Voici un roman publié « sous X », ou plus exactement sous une double initiale : S.X. Un écrivain chinois qui vivrait actuellement aux États-Unis, aurait déjà publié de nombreux livres et serait même une « personnalité de renommée internationale », dixit son éditeur français. Tôt ou tard, son identité se précisera. Ou pas ? Voici quelques années, un mystérieux écrivain nord-coréen avait défrayé la chronique en publiant sous le pseudonyme « Bandi » un livre de récits, La Dénonciation (Picquier). Un dissident de l’intérieur, avaient dit certains, […]
Voici un roman publié « sous X », ou plus exactement sous une double initiale : S.X. Un écrivain chinois qui vivrait actuellement aux États-Unis, aurait déjà publié de nombreux livres et serait même une « personnalité de renommée internationale », dixit son éditeur français. Tôt ou tard, son identité se précisera. Ou pas ? Voici quelques années, un mystérieux écrivain nord-coréen avait défrayé la chronique en publiant sous le pseudonyme « Bandi » un livre de récits, La Dénonciation (Picquier). Un dissident de l’intérieur, avaient dit certains, tandis que d’autres, en Corée du Sud, voyaient dans le livre un vulgaire faux. Cette fois-ci, notre écrivain ne vit pas dans son pays mais on sent qu’il a dû être au fait des pratiques orwelliennes du pouvoir chinois. Le narrateur du roman Les Portes de la Grande Muraille est l’un des geeks mobilisés pour bâtir et défendre la nouvelle muraille de Chine – muraille numérique qui repose sur la surveillance d’Internet et des réseaux sociaux face à l’ennemi intérieur comme face à de potentiels envahisseurs. Voilà notre cyberpatrouilleur chargé de constituer un « anti-dictionnaire » truffé de mots à effacer – par exemple « vaccins » ou « transmission interhumaine », après le déclenchement de la pandémie, et, largement, des termes hautement inflammables comme minzhu (démocratie). On pense aussitôt à Winston Smith, fonctionnaire du « ministère de la Vérité » dans 1984, sauf que notre cyberpatrouilleur n’est pas un dissident. Tout au plus se permet-il de temps en temps de « faire le mur » numérique et de se renseigner sur Hong Kong, sur l’explosion meurtrière à Tianjin, en 2015, ou…
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