ÉVASION À qui chercherait un temple élevé à la littérature – et qui fréquenterait déjà le 23 quai de Conti –, on ne saurait trop conseiller de se rendre à Hanoï, face au musée des Beaux-arts. Là, dans un parc arboré peuplé d’arbres centenaires, s’élève une suite de cours et de pavillons dédiés au savoir, aux études et à toutes formes d’écriture. Du temps des Français, les colons l’avaient surnommée « pagode des corbeaux », mais c’était mal comprendre : nul dieu bouddhique ici, mais Confucius […]
ÉVASION À qui chercherait un temple élevé à la littérature – et qui fréquenterait déjà le 23 quai de Conti –, on ne saurait trop conseiller de se rendre à Hanoï, face au musée des Beaux-arts. Là, dans un parc arboré peuplé d’arbres centenaires, s’élève une suite de cours et de pavillons dédiés au savoir, aux études et à toutes formes d’écriture. Du temps des Français, les colons l’avaient surnommée « pagode des corbeaux », mais c’était mal comprendre : nul dieu bouddhique ici, mais Confucius qui règne en maître. Les plus vieux murs sont du XIe siècle, et ont accueilli, peu avant Salerne ou Montpellier, les premiers « docteurs » du Vietnam, les « Fils du Ciel ». Chaque cour, chaque portique, chaque lac est un hymne à la littérature, un encouragement à prendre le pinceau et à tracer sans relâche tous les caractères de la connaissance. Qu’on en juge : Porte de l’Accomplissement de la Vertu, Porte de la Réalisation du Talent, Porte de la Magnificence des Lettres, Porte de la Cristallisation des Écritures, Pavillon de la Pléiade – clin d’œil pour Gallimard ! –, Puits de la Clarté Céleste, Portique des Bons Résultats – où les étudiants titrés avaient pour coutume de déclamer des poésies classiques… ou de leur cru –, Maison des Cérémonies, etc. Dans une vaste cour, 82 stèles, reposant sur de vénérables tortues de pierre, égrènent à l’infini le nom des 1307 lauréats du concours entre 1442 et 1779 (autant de jeunes mandarins au service de l’empereur). Devant les bassins à la surface couverte de vénérables nymphéas, des photographes professionnels immortalisent les diplômés…
La suite est reservée aux abonné(e)s
Déjà abonné(e) ? connectez-vous !