La voiture de Claude

Florent Oiseau

Je fixe le plafond, il ne m’apprend rien. Heureusement, j’ai de la ressource, je laisse suinter des nouilles trois minutes dans un bouillon, j’attends. Je souffle dessus devant le journal télévisé, encore des inondations dans le sud. Mitterrand l’avait promis il y a quarante ans, ceux qui achèteront au-dessus de la Loire auront tout compris. Je n’ai encore acheté ni au-dessus, ni en-dessous, impossible de savoir si j’ai tout compris. Je change de chaîne, je tombe sur les Jeux paralympiques, 400 mètres, deux athlètes sont au coude à coude, si j’ose dire. Le handicap du Kényan, c’est une jambe en titane, l’autre, seulement un moignon, je trouve le combat déséquilibré. J’évite les raccourcis, je ne hiérarchise aucune souffrance, les travaux de maintenance, dès qu’il y a des hélices, c’est indubitable, ça fait des catastrophes, mais dans une épreuve de course à pieds, je ne sais pas, je ne peux m’empêcher de voir un déséquilibre. Le Kényan finit par l’emporter quand même et s’octroie mon scepticisme en plus de la médaille.

J’examine mon agenda, c’est calme, alors je m’autorise une micro-sieste, vingt minutes ça suffit, c’est l’idéal pour se requinquer et récupérer sur le plan psychique, les médecins préconisent une durée courte, au-delà, ça devient de la gourmandise et on termine la journée ensuqué. J’émerge trois heures plus tard, je n’y peux rien, je suis un gourmand, je vis en colocation avec l’hédonisme. Il s’agit désormais d’enfiler un pantalon, de me laver le visage et de me présenter au monde extérieur. Le ciel est gris métallique, on croirait le tambour d’une machine à laver, les nuages ne font pas de vagues. Mes contemporains déambulent dans leur journée, retirent de l’argent, promènent des chiens caustiques, examinent des vitrines d’agences immobilières, plaisantent à la boulangerie, « faut bien rire un peu dans le monde qu’on vit », se font avaler par les bouches de métro, sont recrachés un peu plus loin. Des femmes boivent du vin orange en terrasse, je les écoute, entre deux théories astrales, elles condamnent des amoureux maladroits et sanctifient des projets immobiliers dans le Perche. Je fais semblant de me promener, comme si l’itinéraire était susceptible de me surprendre, j’essaye de me convaincre que je dérive au hasard et me laisse porter par le courant, mais les crues d’ici me déposent toujours au même endroit. Chez Tonton. Couscous merguez à 9 euros, Equidia en boucle, approximations sur les débats touchant à la politique internationale, histoires invérifiables, demi de blonde à deux balles, pour le reste vous repasserez.

Je ne suis pas étonné par le décor, ni par l’assemblée, rien n’a changé depuis hier, à peine plus depuis quinze ans. L’intelligentsia locale est présente dans son intégralité, casting des grands jours. Le comptoir essuie plus de complaintes que de coups d’éponge. Je l’ai compris en poussant la porte, l’heure n’est pas à l’euphorie. Les mots sont durs, le ton péremptoire. L’implacabilité du verdict n’autorise pas le doute, personne ne se risque à tempérer, le bar est amer, la bière est amère, on opte pour une sémantique visant l’économie et la concision, pas de détours : c’est un lundi de merde.

Je demande à Tonton la raison de cet accablement général. Il fait pencher un cadavre de cubi pour essayer de se remplir un fond de rouge, il déchire un peu le carton, tire sur le sac, presse l’équivalent d’une poche de la taille d’un cœur de canard et parvient à extraire un dernier verre, j’ai toujours admiré sa témérité. Le contexte est le suivant, il épouse les traits d’un drame dont on n’entendra pas parler aux informations. Réunion 2, course 3. Hippodrome de Chantilly, du plat, évidemment. Les courses d’obstacles, on laisse ça aux touristes, aux téléspectateurs non initiés des compétitions retransmises sur le service public. Ici, en revanche, les billets on les met sur du plat. Quand on joue sa retraite, on ne s’encombre pas de chutes éventuelles. Des obstacles, la vie en propose déjà assez comme ça pour en rajouter à nos chevaux.

Plus tôt dans la journée, il y a eu un chuchotement, une rumeur. Elle s’est répandue comme un virus, s’est faufilée entre les verres de calva, sous les pages de Turf Magazine, derrière l’écran de l’Amigo – anciennement Rapido. On en a discuté un peu, il y a eu un examen complet, un tableau avec des statistiques, des mathématiques complexes, des croissances comparées. On a regardé les cotes, rien à dire, c’était tentant. Un plan à quatorze contre un vendu comme une formalité, on s’est déjà laissé séduire pour moins. Mais on a soulevé une inquiétude – un lièvre, oseraient les spécistes. Depuis quelques temps, on doutait de la source, il y a eu des déconvenues, la bible hippique n’était plus si fiable. Rachid a offert sa lucidité comme d’autres sortent leurs viscères. Il l’a juré, ne s’est pas caché, et devant l’écran des courses, il a essayé d’éviter à ses apôtres d’aller à la catastrophe.

– Les tuyaux de l’Antillais, depuis six mois, c’est de la merde.

Certains ont ratifié, d’autres ont été plus indulgents, une plaidoirie s’est soldée par le constat suivant : l’Antillais avait le droit à l’erreur, les plus éclairés s’autorisaient même à dire qu’elle était humaine, une coquetterie de syndicaliste.

Après la sortie pamphlétaire de Rachid, le doute s’est installé, il y a eu des conciliabules aux quatre coins du bar, on a sorti la calculette, mais quand il a fallu valider les tickets, malgré des moues dubitatives, tout le monde a joué le 6. Les timides l’ont mis placé, mais des timides, dans ce café, on n’en trouve pas beaucoup. Ils ont tous arrosé. À l’unanimité, le 6. Gagnant. Des hommes vivant avec le spectre de l’interdit bancaire ont envoyé l’équivalent de quinze jours en all inclusive, club de vacances sur une île grecque, mer turquoise, poulpe grillé dans l’assiette.

Je ne trahirai pas la vérité au nom d’une vaine tension scénaristique, la dramaturgie n’existe jamais autant que dans la transparence, alors je me contente de rapporter les faits à la manière d’un greffier, il n’y a pas eu de suspense. Pénultième, le 6. Fringale incompréhensible dans le dernier virage. Je n’ai pas vu la course, mais à les écouter, le cheval a franchi la ligne d’arrivée sur le ventre, c’était limite à se demander si, enfin bref, j’ai entendu le mot complot. L’Antillais a reçu des coups de téléphone, il n’a pas décroché, il finira bien par revenir. Des pensions alimentaires et des soins dentaires ont été sacrifiés dans l’affaire. Je connais ça, j’évite de remuer, je ne demande aucune autre précision, je suis un garçon délicat, on apprécie ma sagacité, je commande une bière et assène en guise de conclusion, « malheureux au jeu... » De l’autre côté, personne ne gagne non plus, mais ils ont semblé oublier, alors on trinque à l’amour, à la fidélité, au fait de ne pas être cocus de femmes qu’on n’a pas.

Claude est au bar. Il a travaillé quarante ans dans le quartier, il n’est jamais allé ailleurs, la retraite n’a rien changé, à la différence près, il ne passe plus par le garage avant d’aller boire. Il ne connaît pas les Seychelles, il ne connait pas l’arrondissement voisin, il prend le même chemin depuis toujours, il n’en changera pas, aucune raison de bifurquer ou d’aller voir ailleurs, ici on l’appelle par son prénom, il paye à la fin, voire le lendemain, il allume sa clope dans le bar et se sert lui-même ses pressions, ce sont ses victoires. La grande histoire oubliera peut-être ces détails, mais pas lui. Sa vie est ici et il l’aime comme certains ne pourront l’envisager, même avec de l’or dans le coffre, un foie sain et une activité sexuelle. Je regarde l’heure, il est un peu tôt, normalement il débarque en début de soirée. On a passé des réveillons ensemble sur ce comptoir, il m’a vu au fond du sac et quand je transpirais de l’allégresse par tous les pores, en automne, au printemps, accompagné, seul, amoureux, indifférent, sobre, torché, presque riche, parfaitement pauvre, avec des cheveux et pas de ventre et puis avec un peu de ventre et pas envie de finir cette phrase. Pour autant, la pudeur et le modus operandi en vigueur ici ont évité les confessions trop intimes. On ne s’y est pas risqué. En quinze ans, aucune confidence sérieuse, on a raclé l’os. Tant que la santé suit, on fait aller, comme un lundi, toujours pas au boulot feignasse, t’es pas en retard en tout cas, t’es garé où, une de plus en moins, fais gaffe c’était Rachid aux chiottes il va te falloir un scaphandre, entre la chlorophylle et la menthe va trouver la différence, t’as pas vu un briquet, un petit alors, je te paye un verre ou tu me payes un verre, c’est le dernier, heureusement que la voiture connaît le chemin, il est mort en quelle année La Tuile, ça nous rajeunit pas, j’ai repris le sport je vais dans un bar puis dans un autre je fais les bars parallèles, effectivement ça sentait pas le citron, Salvador il payait une fois sur deux, vrai ou pas, il est à nous le bitume, c’est du plâtre ou un Ricard, Salvador il est mort avant ou après La Tuile ? Des formules de politesse, disons. L’idiome d’ici.

Je regarde Claude, je comprends vite. Il a une sale mine, et lui, les canassons, ce n’est pas sa guerre, il n’est pas concerné par le drame susmentionné, on ne peut pas être de tous les combats. Cette déduction couplée au fait qu’il est en avance par rapport aux quinze dernières années, j’ose un rapprochement. Je m’enquiers de son état. Sa réponse me pétrifie. Il ne comprend pas. Il s’est réveillé ce matin et il y avait comme un grand vide, partout en lui, et dans l’appartement. Envie de rien, le cœur compressé. Pourtant, il n’a pas dérogé à son rituel, mais le café et la télévision n’avaient pas le goût de d’habitude, il n’a même pas réussi à finir sa clope, il l’a jetée dans l’évier, elle y a laissé une tache sombre, comme une larme noire. Il a essayé de se rendormir, mais il manquait d’air, il s’est douché, il est descendu de chez lui, il a fait un tour dans Vitry, le centre-ville, le marché, mais ça ne passait pas, comme à l’étroit dans son corps et à l’inverse trop d’espace dans sa tête. T’as déjà ressenti ça ? Jamais. C’est précisément ce qui l’inquiète. C’est la toute première fois, il ne sait pas l’expliquer, il a déjà été un peu malade, les bronches, il lui arrive d’être sujet aux angines, il l’assume, mais là c’est différent, il le sent, ce n’est pas une question d’antibiotiques. C’est une angoisse latente, qui ne dit pas son nom, un ennemi retors. Un mal-être insidieux venu se loger en son for intérieur le temps d’une nuit pas bien différente des précédentes.

Après cette infructueuse promenade, il est remonté chez lui, et là, encore pire, il a pensé devenir fou, il a eu peur aussi. Il ne le dit pas, mais je le vois. Il a un voile inédit dans le regard. Pourtant, la vie lui a déjà montré qui elle était. Il a perdu sa femme, emportée on ne sait où par la maladie, il n’a plus aucun contact avec son fils, parents morts depuis longtemps, son frère dans le même trou, sa vie est au cimetière et au comptoir, entre les deux, la route jusqu’à Vitry, dans un sens, puis dans l’autre, direction Oberkampf, tous les jours depuis quarante ans. Et sinon, rien. Son alcoolisme, la situation au Moyen-Orient, le réchauffement climatique, les inondations dans le Var, l’après, la vie, la mort, ça lui passe au-dessus comme un drone. T’as essayé d’appeler un médecin ? Non plus. Il a opté pour l’automédication. Il a pris son pouls, puis la voiture, il est sorti de son parking et il a quitté Vitry pour retrouver l’est parisien, son café, ses potes. Chez Tonton. Les autres ont été surpris de le voir si tôt. « Alors Claude, t’es tombé du lit / ouais sale histoire, tu me mettras un demi / l’Antillais dit que le 6 va passer à coup sûr / un calva en plus du demi s’il te plaît. »

Claude a passé le début de journée au bar avec son mal-être, il en a parlé à tout le monde, ça lui a fait du bien de se livrer, mais c’est encore là, le spectre rode. Les autres avaient tous leur théorie pour expliquer son état, c’est de notoriété publique, en chaque ivrogne habitent un thérapeute et un médecin. Tour à tour, ils ont accusé la dépression, le fût de bière de la veille, la pollution, et même la souris d’agneau de Tonton, dont on remettait la provenance en doute. « Un monsieur très sérieux à Belleville », s’était contenté d’indiquer Tonton. Soit. Fred vient s’asseoir avec nous. S’il n’avait pas dédié sa vie à boire des mojitos du matin jusqu’au matin, on aurait probablement oublié Jacques Lacan depuis le temps. Fred étudie l’humain, il a un avis sur tout, personne ne le demande jamais, mais il le donne et ne s’encombre pas du consentement. Il est informaticien de formation, mais sa véritable vocation, c’était la psychanalyse. Il l’assure avec un aplomb qui vire au sublime en sirotant des cocktails de lycéenne toute la journée. Depuis que je sais ça, je l’appelle Sigmund Fred. Il est déjà bien imbibé, mais lui, il est fidèle à sa montre, je ne suis pas inquiet. Il monte dans la conversation comme dans un train en marche. Je lui explique. Claude a un sentiment de vide, il y a une dimension existentielle évidente, l’âge des constats peut-être, la mort approche et on s’interroge sur notre vie, nos accomplissements, notre passage ici, l’après. À son âge c’est normal, c’est même plutôt sain de s’interroger, d’avoir peur, cet épisode n’a rien d’étrange. Je suis en représentation, je fais des gestes avec les mains, je l’assure, Claude n’a pas à en avoir honte, je suis à la limite du meeting politique, sa dépression me confère une importance divine, en dehors de chez Tonton, il est assez rare qu’on sollicite mon expertise. J’hausse le ton, je deviens un tribun, l’orateur d’une génération entière. Je poursuis. Au contraire, il faut un courage extraordinaire pour en parler ici, dans un univers qui vénère les courses de poneys mais ricane de la sensibilité affichée, ça va aller mon Claude. De t’être confié, c’est déjà un lavement, t’as expulsé une partie de tes monstres, le premier combat, c’est de reconnaître leur existence. Il ne réagit pas, mais je le sens, mes mots trouvent leur cible, ils guérissent.

Fred sirote, ça dure trente secondes, il essaye d’aspirer une feuille de menthe à travers la paille, ça devient un aspirateur, mais ça bloque, l’effort lui donne une tête de poisson-lune, ses veines se dessinent sur les tempes, il est tout rouge, j’ai peur qu’il en claque. Lui aussi a dû sentir qu’il avait puisé dans ses réserves, prudent, il renonce et finit par commander un autre verre avant de m’interrompre. Il est désolé, ma plaidoirie n’était pas inintéressante, mais il ne voit pas l’explication dans les tréfonds de l’âme humaine, le souci est ailleurs. Il saisit l’avant-bras de Claude et adjuge, pragmatique.

– Faut dire, tes problèmes de bagnole t’ont bien stressé ces derniers temps.

Sa vieille Clio est un peu grippée, c’est vrai. Mais il a bossé dans un garage, il le sait, les voitures finissent par en avoir marre de la route. Il n’a pas évoqué un caillou dans sa chaussure, il a parlé de vide, d’incompréhension, il a dit qu’il était perdu, j’ai vu l’effroi dans son regard, le problème est plus profond. Il a enterré tous les noms sur son livret de famille, une voiture qui tousse, c’est à sa portée. Je m’amuse du constat de Sigmund, je me dis qu’avec lui la psychanalyse ne coûterait pas cher, nécessiterait peu d’efforts, on fouillerait moins, on rapporterait tous les maux à des problèmes tangibles, du micro-événement quotidien. Vous avez envie de vous foutre en l’air ? Écoutez, ne soyez pas trop sévère avec vous-même, on peut tous rater la cuisson d’un rôti. « Vous croyez ? Merci docteur. »

Claude prend une longue inspiration, le moment devient grave, il a accueilli le verdict de Fred avec la patience de ceux qui sont trop désarmés pour se rebeller ou discutailler, ou négocier. Dans ses yeux, il y a plus de tristesse que sur toutes les plages de Normandie réunies, c’est une pièce de théâtre russe. C’en est déchirant, tous ces vaisseaux explosés, éparpillés, dans son iris, sa rétine, sur son nez, ses joues, l’œuvre de la vie, la marque du temps, celle du comptoir surtout. Du chagrin et de la bière tous les jours, ça façonne un visage comme les chirurgiens ne sauront jamais le faire, le bistouri du destin est plus précis, plus appliqué. Claude finit par poser son verre, les yeux perdus sur la tireuse, un vague à l’âme devenu une deuxième peau, puis avec ce qu’il lui reste de force, dans les effluves de merguez, il rend son délibéré d’une voix blanche.

– Le truc, c’est que si elle tombe en panne, je sais pas comment je vais faire pour continuer de venir ici....

Je fixe le plafond, il ne m’apprend rien. Heureusement, j’ai de la ressource, je laisse suinter des nouilles trois minutes dans un bouillon, j’attends. Je souffle dessus devant le journal télévisé, encore des inondations dans le sud. Mitterrand l’avait promis il y a quarante ans, ceux qui achèteront au-dessus de la Loire auront tout compris. Je n’ai encore acheté ni au-dessus, ni en-dessous, impossible de savoir si j’ai tout compris. Je change de chaîne, je tombe sur les Jeux paralympiques, 400 mètres, deux athlètes sont au coude à coude, si j’ose dire. Le handicap du Kényan, c’est une jambe en titane, l’autre, seulement un moignon, je trouve le combat déséquilibré. J’évite les raccourcis, je ne hiérarchise aucune souffrance, les travaux de maintenance, dès qu’il y a des hélices, c’est indubitable, ça fait des catastrophes, mais dans une épreuve de course à pieds, je ne sais pas, je ne peux m’empêcher de voir un déséquilibre. Le Kényan finit par l’emporter quand même et s’octroie mon scepticisme en plus de la médaille. J’examine mon agenda, c’est calme, alors je m’autorise une micro-sieste, vingt minutes ça suffit, c’est l’idéal pour se requinquer et récupérer sur le plan psychique, les médecins préconisent une durée courte, au-delà, ça devient de la gourmandise et on termine la journée ensuqué. J’émerge trois heures plus tard, je n’y peux rien, je suis un gourmand, je vis en colocation avec l’hédonisme. Il s’agit désormais d’enfiler un pantalon, de me laver le visage et de me présenter au monde extérieur. Le ciel est…

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