Liens sacrés

Une recherche rapide dans les dictionnaires le confirme : le sacré est presque toujours associé à la religion. L’historien Mircea Eliade présentait d’ailleurs son livre culte Le Sacré et le Profane, paru en français en 1965, comme une « introduction générale à l’étude phénoménologique et historique des faits religieux ». Une approche philosophique assez logique quand on sait que le mot sacré dérive de l’adjectif latin sacer (« qui ne peut être touché sans être souillé, ou sans souiller »), ou du verbe sancire (« délimiter, prescrire »). Cela induit toutefois une confusion entre religion et spiritualité. C’est pour en sortir que Frédéric Lenoir, philosophe et sociologue, s’est attelé à une imposante Odyssée du sacré. Comme Yuval Noah Harari avec Sapiens sur l’histoire de l’humanité, il fait le pari du temps long dans un style très abordable. Au fil des chapitres, de la préhistoire à nos jours, Lenoir explique avec clarté pourquoi l’être humain est un animal spirituel. En prenant soin d’écarter une lecture religieuse. « Les gens confondent deux types de sacralité : la sacralité des religions – qui décident ce qui est sacré – et le sacré comme sentiment universel, anthropologique, d’émerveillement devant la beauté du monde ou le mystère de la vie et de la mort, détaille-t-il à Bastille Magazine. Dans l’histoire de l’humanité, les religions n’ont pas le monopole de la spiritualité. Il existe une spiritualité laïque de même qu’il existe une spiritualité dans la religion et la religion sans spiritualité. Par exemple, un fanatique qui tue quelqu’un au nom de la religion n’a aucune spiritualité. » Pour appuyer son propos,…