Chana Orloff, à la recherche de l’or du temps

Charles-Alexandre Haddad

Jusqu’au 31 mars 2024, le musée Zadkine propose à ses visiteurs la première exposition monographique consacrée à Chana Orloff dans la capitale française depuis près d’un demi-siècle.

Située au bout de la rue d’Assas, à quelques centaines de mètres de son premier atelier parisien et à une encablure du boulevard Montparnasse, premier ancrage français de la plasticienne, l’adresse même de la rétrospective apparaît comme un hommage initial à celle qui ambitionna d’incarner avec fidélité l’esprit et le style d’une génération d’artistes et de créateurs.

Comme Ossip Zadkine, son hôte de circonstance, Chana Orloff vit le jour dans une famille juive ashkénaze d’Europe de l’Est. Fuyant les pogroms que connut la Russie tsariste au début du XXe siècle, elle quitta avec sa famille son pays d’origine pour s’installer en Palestine ottomane, où elle se consacra d’abord à la couture.

En débarquant en France, accompagnée de son seul frère dans les années 1910, rien ne la destinait encore à s’imposer comme le symbole d’une époque réputée pour son effervescence et son bouillonnement culturel.

 

Le visage de l’audace 

 

Il lui fallut attendre sa rencontre avec les artistes étrangers de l’École de Paris, généralement de même origine qu’elle, son amitié avec quelques peintres fameux, dont notamment Soutine, Kikoïne et Modigliani, pour prendre conscience de son talent et oser enfin s’essayer à la sculpture. 

Couronnée de succès, Chana Orloff ne se résolut pas pour autant à renoncer à la vie de bohème du quartier l’ayant vu éclore et croître vers la reconnaissance : en 1926, elle fit bâtir par l’architecte Auguste Perret une maison-atelier à proximité du parc Montsouris, continuant ainsi de se tenir à portée de l’esprit novateur soufflant sur la rive gauche parisienne.

Célébrée de son vivant, mais relativement tenue à l’écart par la postérité au profit d’autres figures du Paris intellectuel de l’entre-deux-guerres, ce grand nom féminin des Années folles, ce visage du parti pris et de l’audace d’une génération retrouve enfin la place qui lui est due dans le panthéon de l’art moderne.

 

Chana Orloff. Sculpter l’époque, au musée Zadkine (Paris 75006), jusqu’au 31 mars 2024.



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