Cause animale ©Maxime Sudol
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Bête politique

Jean-Philippe Noël

Le long combat d’un militant de la cause animale
Allain Bougrain-Dubourg, c’est une vie passée à défendre la cause des bêtes et à batailler contre les fauves de la politique. À l’heure où l’animal devient un enjeu dans la campagne présidentielle, regard sur l’histoire parallèle d’un homme et des animaux.
« Poil à gratter », c’est ainsi que Pierre Méhaignerie, alors ministre de l’Agriculture, définit le poste de conseiller pour la protection des animaux qu’il confie à Allain Bougrain-Dubourg en 1977. Allain – avec deux L, c’était le nom de code de son père dans la Résistance – est alors producteur-présentateur de l’émission Des Animaux et des Hommes sur France 2. Il s’est fait connaître du grand public quelques mois auparavant en accompagnant Brigitte Bardot sur la banquise, où elle combattait la chasse aux bébés phoques. À 73 ans, poil à gratter, l’homme l’est encore. Une vie entière passée au service de la cause animale. Un sacerdoce débuté dans les écoles à présenter une ménagerie d’animaux mal-aimés, qui l’a conduit à se frotter à tous les présidents et gouvernements durant cinq décennies, sans jamais rien lâcher. 
En cette année de présidentielle, l’animal est l’un des nouveaux enjeux de l’élection. « C’est la première fois qu’il y a une forme d’unanimité des partis à ne pas s’exonérer de la question du respect de l’animal », constate-t-il. Un changement d’optique qui peut se résumer en trois dates récentes. En 2010, Allain Bougrain-Dubourg, alors membre du Conseil économique, social et environnemental, propose d’inscrire dans le Code civil l’animal au titre d’être sensible. La saisine a de nombreux contradicteurs parmi les chasseurs, les pêcheurs, les agriculteurs et le patronat. Les opposants parviennent à faire barrage au projet et la sensibilité de l’animal passe à la trappe. François Hollande, alors président de la République, justifie cette décision : « Dans le code rural notamment, l’animal est déjà considéré comme un être sensible. Pourquoi ajouter d’autres considérations ? », déclare-t-il au magazine La France Agricole. 
Le soir du 15 avril 2014, il n’y a pas grand-monde sur les bancs de l’Assemblée nationale, mais l’ambiance est aux noms d’oiseaux. Il s’agit de débattre de l’amendement 59 qui reconnaît à nouveau aux animaux la qualité « d’êtres vivants doués de sensibilité » dans le Code civil. Après plusieurs navettes entre l’Assemblée et le Sénat, dix mois de pourparlers, le vote contre de l’UMP et l’abstention du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, l’amendement est adopté le 28 janvier 2015. 

Il n’existe plus une intelligence définie en fonction du modèle humain, mais des intelligences aussi diversifiées que les espèces qui les portent.

En novembre 2021, dans une concorde rarement connue dans l’hémicycle, le Parlement adopte la loi n° 2021-1539 « visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes ». Le vote a été acquis par 332 voix pour, un contre et 10 abstentions. Un raz-de-marée !
Ces trois dates illustrent bien ce combat, qui a d’abord suscité du mépris, puis de l’intérêt et enfin du respect, même si, comme le reconnaît Allain Bougrain-Dubourg : « La loi de 2021 a écarté les sujets les plus clivants comme l’élevage et la corrida. Elle a cependant le mérite de mettre un pied dans la porte. » L’adoption de ce texte à la quasi-unanimité des députés et des sénateurs est une révolution au pays de Descartes et de son animal-machine ! Sans remonter aux calendes grecques, ni même aux Lumières, qui pourtant se sont penchées sur l’animal, un petit retour en arrière s’impose. Après Darwin, les zoologistes considèrent que les animaux sont des machines répondant à un instinct programmé, qui mènent une lutte pour la vie dont le seul moteur est l’agressivité. À partir des années 1980, les éthologues, sortant de leur laboratoire, commencent à observer l’animal dans la nature, non pas comme le représentant stéréotypé d’une espèce, mais comme un individu à part entière évoluant dans un environnement favorable ou non, et avec lequel il interagit en permanence. Les scientifiques découvrent que cette lutte pour la vie n’est pas seulement constituée de rapports de force, mais également d’empathie, d’entraide, de complicité voire d’amitié.
« Ce sont les femmes qui ont ouvert la voie de cette reconnaissance des capacités altruistes et cognitives de l’animal, souligne Allain Bougrain-Dubourg. Je pense à la première d’entre elles, Jane Goodall, qui a passé une partie de sa vie à étudier les chimpanzés en Tanzanie. Elle a révélé le fait que les singes utilisent des outils et que leur utilisation, non seulement varie d’une troupe à l’autre, mais se transmet de génération en génération. On a pu alors parler de culture. Elle a décrit les liens complexes qui unissent les individus entre eux et évoquait même un protolangage. » Les travaux de la primatologue ont ouvert une brèche dans laquelle d’autres pionnières se sont engouffrées. Cynthia Moss et les éléphants, Birute Galdikas et les orangs-outans, Shirley Strum et les babouins ou Anne Rasa et les mangoustes. « J’ai rencontré plusieurs de ces femmes qui ont consacré leur vie à l’étude et à la sauvegarde des animaux, elles m’ont toutes dit que donner la vie les avait certainement rendues plus sensibles à la question animale. Elles sont aussi capables de résister à des épreuves que peu d’hommes pourraient supporter. Au Rwanda, je suis monté au camp de Karisoke à 3 000 mètres d’altitude dans une jungle humide où Dian Fossey, qui souffrait des poumons, a étudié les gorilles. Je ne suis pas certain que beaucoup d’hommes auraient résisté. »
Leurs travaux redéfinissent l’animal et floutent davantage la frontière entre l’humain et la bête. Les chimpanzés se soignent avec des plantes et de la bouillie d’insectes ; les corbeaux résolvent des casse-tête mieux qu’un enfant de cinq ans ; le rat renonce à une friandise pour sauver un congénère ; le cochon, l’éléphant ou la raie qui se regardent dans un miroir ont conscience de leur individualité. Le terme « sentience », autrefois réservé aux humains, désigne désormais pour tout être vivant sa capacité à ressentir les émotions et à percevoir de façon subjective son environnement et ses expériences de vie. Le terme « cognition » s’intéresse à la façon dont les animaux perçoivent le monde et agissent en conséquence. De même, il n’existe plus une intelligence définie en fonction du modèle humain, mais des intelligences aussi diversifiées que les espèces qui les portent. « 2012 est une date importante à cet égard, rappelle Allain Bougrain-Dubourg. Des neurobiologistes du monde entier signent la Déclaration de Cambridge qui reconnaît que les mammifères, les oiseaux, les reptiles et les céphalopodes ont les substrats neurobiologiques nécessaires à la conscience. »
Sortie du champ de la biologie, de la zoologie et de l’éthologie, la question animale commence à infuser d’autres domaines. Elle retrouve une vigueur perdue parmi les philosophes. En France, Jacques Derrida avec L’animal que donc je suis (publié en 2006 à titre posthume) et Élisabeth de Fontenay, qui publie Le Silence des Bêtes, la philosophie à l’épreuve de l’animalité en 1998 -déconstruisent les catégories ayant permis d’instituer le propre de l’homme. Elle écrit en préface : « L’Antiquité fut un âge d’or pour les bêtes. Car si les hommes offraient des sacrifices à Dieu, aux dieux, ils s’accordaient sur leur statut d’êtres animés et avaient pour elles de la considération. (…) Depuis que Dieu s’est fait homme, que le Christ s’est offert en sacrifice tel un agneau, la condition animale a radicalement changé. » Avec Allain Bougrain-Dubourg, elle coanime, entre 2011 et 2014, Vivre avec les bêtes, la seule émission sur France Inter entièrement consacrée à tous les animaux. 

Sur Internet, dans la littérature ou à l’Assemblée nationale, l’animal n’a jamais été aussi présent.

Parallèlement, ces vingt dernières années ont vu la croissance rapide d’un nouveau champ de recherche interdisciplinaire : les Animal Studies. S’employant à comprendre la place qu’occupent les animaux dans nos sociétés, elles renvoient à de multiples domaines de recherche comme la sociologie, la géographie, l’histoire, la littérature, le cinéma, la théologie… Mais plus l’animal devient indissociable de notre histoire, plus son exploitation interroge. Et ce que nous avions décidé de ne pas voir devient une évidence : maintenues dans des cages exiguës, séparées de leur mère à la naissance, broyées ou découpées vivantes, les bêtes souffrent de notre course à la rentabilité.
En 1975, le philosophe australien Peter Singer publie La Libération animale, où il défend un principe d’égalité entre les hommes et les bêtes. « Ce principe d’égalité de considération des intérêts ne réclame pas pour autant que les animaux soient traités comme des humains. Il souligne simplement que l’on doit accorder, lorsqu’ils se valent, autant de poids aux intérêts des animaux non humains qu’à ceux des humains dans les situations où ils sont égaux. Il n’implique pas que les bêtes bénéficient des mêmes droits que les humains, mais que soient menées des réformes comme l’interdiction de pratiques cruelles, comme la vivisection, l’élevage en batterie ou la corrida, et le développement d’une alimentation plus éthique encourageant le végétarisme », note le philosophe Ugo Batini. Ce classique de la littérature animalière est revendiqué à l’égal d’une bible par les antispécistes et autres mouvements de libération animale qui se développent dans les pays anglo-saxons bien avant d’apparaître en France. 
Créée en 2008, la plus visible de ces associations dans l’Hexagone est L214 Éthique et Animaux. Elle se fait connaître par ses vidéos chocs filmées dans les élevages industriels et les abattoirs afin d’éveiller les consciences. Lorsque Allain Bougrain-Dubourg retrouve BB sur la banquise, ce sont aussi les images des jeunes blanchons assommés à coups de gourdin et dépecés vivants, leurs entrailles sanguinolentes sur la glace, qui font réagir l’opinion. Images violentes également lorsqu’il s’introduit dans les laboratoires où se pratique l’expérimentation animale. Il écrit : « Bien qu’il soit quasiment impossible d’arriver avec micro, lumière et caméra dans un laboratoire, nous filmons des scènes pénibles voire monstrueuses dont je conserve encore le souvenir douloureux. Diffusée en avril 1981, notre enquête est évidemment taxée de militantisme primaire. D’aucuns vont jusqu’à affirmer qu’une partie du film est truquée. » La violence est-elle nécessaire pour faire bouger les lignes ? « Lors des premières vidéos de L214, on leur a dit que c’étaient des incidents isolés et que tout allait être vite réglé. C’est la répétition de leurs vidéos, tournées par effraction dans des lieux différents, qui prouve de manière irréfutable que le problème est systémique. »
Sur Internet, dans la littérature ou à l’Assemblée nationale, l’animal n’a jamais été aussi présent. Il est pourtant un lieu où il se fait rare : la nature. La sixième extinction de la biodiversité est en marche. Il y a soixante-cinq millions d’années, la chute d’une météorite anéantissait 45 % de la vie sur Terre. Aujourd’hui, la météorite a la forme grouillante de la masse humaine : 10 % des espèces connues (animales et végétales) se sont éteintes au cours de ces cinq derniers siècles, et d’ici à 2050, 25 à 50 % devraient suivre le même chemin. L’activité humaine est seule en cause. La crise de la biodiversité ne se manifeste ni par des incendies, ni par des crues, ni par des canicules. Nos grands-mères ont beau nous répéter qu’il y avait autrefois plus de papillons dans leur jardin, elle reste la grande oubliée de la crise climatique. On parle d’amnésie écologique. Chaque génération considère comme point de référence d’un écosystème celui qu’il a connu à sa naissance, engendrant un syndrome de référentiel fluctuant. Cela conduit généralement à une perte de biodiversité de plus en plus importante, la nouvelle génération prenant appui sur l’état « dégradé » qu’elle a toujours connu. 
Des lois, de grandes conférences internationales, des listes rouges d’espèces menacées, des parcs nationaux et autres zones plus ou moins bien protégées promettent de freiner l’inéluctable déclin. Mais rien n’y fait. Rien qu’en France, la population aviaire s’est réduite de près de 30 % en trente ans. Et ce qui énerve davantage celui qui, depuis trente ans, est le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) est qu’une quinzaine d’espèces menacées continuent d’être chassées en France. Emblématique de son combat : la tourterelle des bois. Elle lui a valu tous les ans, au 1er mai, de violents affrontements avec les braconniers. « Autant l’avouer, pendant des années, lorsque s’épanouissait le colza, mes tripes se nouaient. Je savais qu’il me faudrait affronter la haine, la vulgarité, les mensonges et la violence. Est-ce courageux d’aller à la rencontre de braconniers virulents ? En toute honnêteté, je pense que non car la volonté de défendre le respect de la vie l’emporte et estompe l’anxiété. » En 1984, il en parle à François Mitterrand qui lui répond : « Je connais bien les pratiques exercées dans le Médoc, mais je ne peux rien pour vous. » Le militant n’en revient pas : « Je suis sidéré. Comment un président de la République, qui de surcroît vit encore l’état de grâce, peut-il se dire impuissant à faire respecter le droit ? Pourquoi ne condamne-t-il pas ce braconnage connu de tous ? » 
Le combat d’Allain Bougrain-Dubourg s’inscrit dans le temps long. « Quand je pense qu’il aura fallu vingt ans de lutte pour que cesse la chasse à la tourterelle dans le Médoc alors qu’il ne s’agissait que d’appliquer la loi. Dix ans ont été nécessaires pour faire reconnaître le préjudice écologique après la marée noire de l’Erika et une autre décennie pour sauver les ortolans… Il m’est arrivé de penser que seule mon immolation permettrait de me faire entendre. » 
Un tel sacrifice ne sera peut-être pas nécessaire. En 2011, selon un sondage Ifop-Woopets, 32 % des Français considéraient la protection des animaux comme une cause très importante. Ils sont 40 % dix ans plus tard. Et si pour l’élection présidentielle de 2007, 43 % se disaient prêts à tenir compte des propositions en matière de protection de la nature, 69 % prétendent que le bien-être animal est un thème qui doit être abordé par les candidats en 2022. Toute la Gaule serait donc occupée par des animalistes ! Toute ? Non, un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore. Les politiques, dans leur grande majorité, sont restés sourds à la cause. « Ils ont mis le couvercle sur la marmite de la souffrance animale pendant bien longtemps. Ils avaient d’autres priorités », constate amèrement Allain Bougrain-Dubourg, n’épargnant pas les écologistes : « Tous les dirigeants que j’ai bien connus me disaient : mais oui Allain, on tient compte de la condition animale, mais je voyais bien que cela ne figurait jamais dans leurs priorités. »
Il faut attendre 2002 et le contrat vert du candidat Noël Mamère pour que la condition animale apparaisse clairement dans un programme écologiste. Dix ans plus tard, Eva Joly, qui concourt à son tour à la magistrature suprême au nom d’EELV, propose d’inscrire une loi sur la protection des animaux et un nouveau statut (encore et toujours !) dans le Code civil. En 2017, un tout jeune parti place également l’animal au cœur de ses préoccupations, la France Insoumise. « Jean-Luc Mélenchon l’a fait très judicieusement avec des arguments intéressants, observe l’activiste. C’est un politicien avisé qui a compris que la notion de respect s’étendait également au monde animal et que cela correspondait à une attente de la société. » Le 18 mars 2017, le leader des Insoumis harangue ses partisans : « Et aussi faudra-t-il proclamer, comme une preuve de notre amélioration collective, que les animaux ne sont pas des choses et que la preuve de notre humanité consciente se constate quand nous décidons de faire respecter ce principe. Inscrire la protection des animaux dans notre Constitution permettrait donc d’améliorer leur protection et d’avancer vers de nouveaux droits. »
Craignant de devoir affronter le puissant lobby des chasseurs ou de se retrouver avec des bennes de purin déversées devant leur permanence, les autres partis restent relativement muets sur le bien-être des veaux ou des sangliers, se contentant pour la plupart d’une ligne sur la préservation de la biodiversité. Jusqu’en 2019. Cette année-là, le Parti animaliste fait un score de 2,2 % aux élections européennes. Un exploit pour un parti né deux ans auparavant et dont le seul programme est la cause des animaux. Comme le souligne la Fondation Jean-Jaurès, les animalistes devancent nettement les différentes listes se réclamant des « gilets jaunes », mais aussi celle de l’Union Populaire Républicaine de François Asselineau ou celle des Patriotes de Florian Philippot – listes pourtant nettement plus médiatisées – et font quasiment jeu égal avec des partis ayant pignon sur rue comme le Parti communiste ou l’UDI. Et plus que les 31 espèces déclarées définitivement éteintes en 2020, les quelque 500 000 voix du Parti animaliste obligent la plupart des futurs candidats à intégrer la question animale dans leur programme. Des sujets avec lesquels ils ne sont souvent pas très à l’aise car ils obligent à faire plaisir aux chasseurs et aux promeneurs du dimanche, au loup et au mouton, et à promettre aux pêcheurs des poissons dans un océan qui en contient de moins en moins. 

86 % des Français souhaitent que les candidats se positionnent sur la question animale et présentent des mesures visant à améliorer leur bien-être.

À ce jeu-là, même les Verts se cassent les dents. Il n’est que de voir les réactions affligées des défenseurs de la cause lorsque Yannick Jadot a récemment déclaré manger du foie gras artisanal ou prôné l’augmentation du nombre d’éoliennes, pourtant véritables hachoirs à chauves-souris et à passereaux. Un « en même temps » difficile à tenir, même pour un spécialiste. « J’ai rencontré Macron en tête-à-tête pendant sa campagne de 2017, raconte Allain Bougrain-Dubourg. Il n’avait pas, me semble-t-il, connaissance et conscience de la question de la souffrance animale et de la biodiversité. Comme il est d’une intelligence foudroyante, à la fin de l’entretien, il pouvait en raconter autant que moi et je suis sorti plein d’espoir. Avec Nicolas Hulot, nous avons établi des propositions. Durant son quinquennat, Macron a amorcé certains dossiers, mais n’est pas allé jusqu’au bout. Il s’était engagé à retirer de la liste des espèces chassables celles en mauvais état. Mais les ministres en charge de l’écologie ont continué à autoriser leurs prélèvements, sous prétexte de gestion adaptative. La LPO a dû se tourner plusieurs fois vers les tribunaux, le conseil d’État et même la Cour européenne pour faire interdire certaines de ces pratiques. » Quid de la proximité d’Emmanuel Macron avec les chasseurs ? « Sans aucun doute le président le plus pro-chasse que j’aie rencontré. Même Valéry Giscard d’Estaing, qui était un amateur de safaris en Afrique, avait une véritable conscience de naturaliste. Emmanuel Macron, qui n’est pas même chasseur, aura été celui qui leur aura fait le plus de cadeaux, à commencer par le prix du permis national divisé par deux. Il a dû penser qu’en les caressant dans le sens du poil, il obtiendrait une reconnaissance de la ruralité. »
D’après un sondage Ifop pour la Fondation Brigitte Bardot, 86 % des Français souhaitent que les candidats se positionnent sur la question animale et présentent des mesures visant à améliorer leur bien-être. Pour 57 % d’entre eux, ce pourrait être un élément déterminant dans leur choix. Pour la première fois en France, un parti animaliste est présent dans la course à l’Élysée. Le pays serait-il prêt à faire entrer cette question dans le jeu politique ? Pas sûr. Donnée entre 0 et 1 % d’intention de vote, Hélène Thouy, la candidate du Parti animaliste, n’est pas parvenue à obtenir les 500 parrainages nécessaires. De leur côté, 29 associations ont voulu peser dans la campagne en proposant aux candidats de s’engager, via le site Engagement-animaux.fr, sur 22 propositions en faveur de la cause animale. Début mars, seuls six d’entre eux s’étaient prononcés. « À 20 ans, j’avais la naïveté de croire qu’une génération suffirait à régler le problème, admet Allain Bougrain-Dubourg, pas découragé pour autant. Mais je me dis que si nous ne nous battions pas, la situation serait pire. Baisser les bras serait de la lâcheté. À 73 ans, ma capacité de révolte est intacte. » ...

Le long combat d’un militant de la cause animale Allain Bougrain-Dubourg, c’est une vie passée à défendre la cause des bêtes et à batailler contre les fauves de la politique. À l’heure où l’animal devient un enjeu dans la campagne présidentielle, regard sur l’histoire parallèle d’un homme et des animaux. « Poil à gratter », c’est ainsi que Pierre Méhaignerie, alors ministre de l’Agriculture, définit le poste de conseiller pour la protection des animaux qu’il confie à Allain Bougrain-Dubourg en 1977. Allain – avec deux L, c’était le nom de code de son père dans la Résistance – est alors producteur-présentateur de l’émission Des Animaux et des Hommes sur France 2. Il s’est fait connaître du grand public quelques mois auparavant en accompagnant Brigitte Bardot sur la banquise, où elle combattait la chasse aux bébés phoques. À 73 ans, poil à gratter, l’homme l’est encore. Une vie entière passée au service de la cause animale. Un sacerdoce débuté dans les écoles à présenter une ménagerie d’animaux mal-aimés, qui l’a conduit à se frotter à tous les présidents et gouvernements durant cinq décennies, sans jamais rien lâcher.  En cette année de présidentielle, l’animal est l’un des nouveaux enjeux de l’élection. « C’est la première fois qu’il y a une forme d’unanimité des partis à ne pas s’exonérer de la question du respect de l’animal », constate-t-il. Un changement d’optique qui peut se résumer en trois dates récentes. En 2010, Allain Bougrain-Dubourg, alors membre du Conseil économique, social et environnemental, propose d’inscrire dans le Code civil l’animal au titre d’être…

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