Bye bye zombies

Camille Yolaine livre le récit du trouble salutaire d’une influenceuse face à l’ambiguïté et la déshumanisation des rapports sociaux à l’ère numérique.   Deux bouches se livrent un combat à mort, mais il est comme déjà joué par des dés pipés. Quelques spectateurs dans l’arène tragiquement viennent feindre le suspense par goût du spectacle d’antan. L’une est un œil, l’autre un téléphone portable, un smartphone, prétentieuse comme un élève d’école de commerce, comme un apprenti haut fonctionnaire, avec le beau cartable en cuir, et le costume noir combo cravate impeccable. Pourriture. C’est le taureau déjà blessé, déjà battu, juste présent pour le plaisir d’être mis à mort. L’œil se fatigue, s’épuise, il se trouble, s’abolit et finit par pourrir. C’est fini pour lui, vite remplacé par un autre, puis un autre, en fait des millions qui descendent et roulent jusqu’au sol terreux où se situe le massacre. Ton humanité c’est la faillite, ça craint. Le téléphone, lui, a la puissance infinie sous sa coque. Puissance renouvelée, sans cesse réactualisée, toujours datacenterisée en plus grand, des cités infernales remplies de turbines chauffantes et de processeurs au parfum de silice. L’enfer d’un désert technologique animé par les transactions numériques, par le feu électronique, conçu par les humains eux-mêmes pour les grand remplacer. Un puits que rien ne recouvre, et qui ne mourra jamais, pas avant que la terre n’éclate en tout cas, dans un insensé chaos terminal, big bang final, ciao bye bye, comme dans Kaboom de Gregg Araki. Des zombies dans…