Nathan Hill, l’enfance comme survivance

Trimballé au gré des déménagements familiaux, l’Américain a trouvé refuge dans les livres. Une passion qui l’a construit. Il est des destins qui se tissent autour de silences imposés, des histoires racontées d’abord à soi même, dans les replis de la solitude. L’écrivain Nathan Hill est devenu incontournable dans le paysage littéraire américain avec Les Fantômes du vieux pays, qui a fait son entrée sur la liste des best-sellers du New York Times. Il a d’abord découvert les subtilités du  monde en grandissant dans la classe ouvrière des années 1980, s’accrochant aux livres comme d’autres s’attachent à des visages familiers. Là où les amitiés lui échappaient, les pages, elles, restaient. La lecture, on le comprend vite, n’était pas seulement une  activité chez lui, mais un refuge. Ses parents, étrangers au plaisir de lire, paradoxalement, ne s’opposaient jamais à ses demandes. « Les jouets étaient rationnés, mais les livres toujours autorisés. » C’est ainsi qu’il est devenu cet enfant qui, dans les cours d’école inconnues, attendait les récréations pour plonger dans des univers qu’il modelait à son image. Solitude dont il a fait une force. « J’adorais observer de loin, deviner les dynamiques, comprendre les rapports humains. » Ce regard, qui pourrait paraître détaché, est pourtant d’une acuité redoutable, taillé à l’épreuve de ces années où il ne cessait de recommencer sa vie, trimballé de l’Iowa à l’Illinois en passant par le Missouri ou encore le Kansas. Dès son plus jeune âge, il inventait des histoires, nées de l’interdiction de jouer…