2022, v’là les flics…

François Thomazeau

Que fait la police ? Ce sera forcé­ment un sujet filigrane de la campagne présidentielle, tant le policier est devenu un personnage majeur du récit que la France a tant de mal à se raconter, à elle-même et à tous les siens. Depuis la manifestation du 1er mai 2019 où le grand public, mais aussi les services d’ordre syndicaux, ont feint de découvrir les black blocs, nouvelle appellation de ce que jadis on nommait « autonomes », « provocateurs » ou « casseurs » selon son affiliation politique, la police est assimilée dans son ensemble aux « forces de l’ordre », qui gèrent plus ou moins bien le maintien de ce dernier. La France a tellement de difficulté à s’entendre sur une histoire commune qu’elle est obligée d’avoir recours, pour en parler, à une expression anglaise : storytelling. Voter, s’engager, s’abstenir, c’est adhérer peu ou prou à un roman national. Le drame, avec l’éclatement des médias en des milliers de bulles autocentrées par les réseaux sociaux, c’est que personne ne lit le même. Le flic, lui, a pris depuis des lustres un rôle central dans toutes ces trames, dans toutes ces dramaturgies. Il suffit d’allumer sa télévision, de se connecter à Netflix ou d’entrer dans une librairie pour s’en convaincre : le policier est un personnage clef de notre imaginaire. Si tout le monde déteste la police, alors nous sommes de sacrés masochistes à nous planter le soir devant ces séries dont elle tient la vedette avant de nous mettre au lit avec un bon polar. Héros de la France de Charlie, bourreau de celle des gilets jaunes, ripou post-moderne de Bac Nord ou justicière #metoo à la Capitaine Marleau, le flic, la flic, est à l’image du pays : en quête d’un bon scénario. Violences policières, suicides de policiers. Entre ces deux extrêmes oscille la recherche d’un sens à une mission aujourd’hui contestée, remise en cause, et sans doute à repenser, comme le mouvement Black Lives Matter et ses conséquences aux États-Unis semblent le suggérer. L’année 2022 sera inévitablement celle de la police, joli mot sans lequel ce texte serait moins joli, mon propos moins policé ; un mot proche de politesse et de politique et qui, qu’on le veuille ou non, aura toujours droit de cité.

Guillaume Origoni a arpenté pendant quatre ans les manifs partout en France, pour tenter de capter les instants de ce face-à-face entre deux pays qui, tant bien que mal, n’en font qu’un. Et Hubert Artus a rencontré Hugues Pagan, philosophe devenu inspecteur puis romancier, sans doute l’un des plus grands du genre, et qui sait comme personne saisir la dimension tragique, épique, humaine de ce métier plus complexe que jamais : à l’époque de la post-vérité, comment faire lorsqu’on a pour mission de la découvrir ?...

Que fait la police ? Ce sera forcé­ment un sujet filigrane de la campagne présidentielle, tant le policier est devenu un personnage majeur du récit que la France a tant de mal à se raconter, à elle-même et à tous les siens. Depuis la manifestation du 1er mai 2019 où le grand public, mais aussi les services d’ordre syndicaux, ont feint de découvrir les black blocs, nouvelle appellation de ce que jadis on nommait « autonomes », « provocateurs » ou « casseurs » selon son affiliation politique, la police est assimilée dans son ensemble aux « forces de l’ordre », qui gèrent plus ou moins bien le maintien de ce dernier. La France a tellement de difficulté à s’entendre sur une histoire commune qu’elle est obligée d’avoir recours, pour en parler, à une expression anglaise : storytelling. Voter, s’engager, s’abstenir, c’est adhérer peu ou prou à un roman national. Le drame, avec l’éclatement des médias en des milliers de bulles autocentrées par les réseaux sociaux, c’est que personne ne lit le même. Le flic, lui, a pris depuis des lustres un rôle central dans toutes ces trames, dans toutes ces dramaturgies. Il suffit d’allumer sa télévision, de se connecter à Netflix ou d’entrer dans une librairie pour s’en convaincre : le policier est un personnage clef de notre imaginaire. Si tout le monde déteste la police, alors nous sommes de sacrés masochistes à nous planter le soir devant ces séries dont elle tient la vedette avant de nous mettre au lit avec un bon polar. Héros de la France de…

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