Lou de Laâge, lumière naturelle

Georgina Tacou

Enjouée et imprévisible, la comédienne se sent plus à l’aise sur scène que devant la caméra. Et se tient à distance des réseaux sociaux et du star system.

 

Ce n’est pas le bleu minéral de ses vastes yeux qui frappe d’abord, c’est leur profondeur. Lou a l’un de ces regards dans lesquels on pourrait trébucher s’il n’était si droit, si attentif. Ses yeux vous écoutent, dépourvus de tout calcul, séduction ou artifice. Aussi rare hors-champ que célébrée sur les planches et à l’écran, la comédienne de 34 ans se distingue par un alliage singulier de mystère et d’allégresse. Habitée, un peu canaille, Lou intrigue par ce je-ne-sais-quoi que le philosophe Henri Bergson nommait joliment un supplément d’âme.

Une nuit, nous sommes tombées face à face sur une piste de danse. J’ignorais qui elle était mais, quand on s’accorde sur la soul de Minnie Ripperton, le feeling révèle des choses de l’autre qui se passent de présentations. Par sa complicité un peu sauvage avec la musique, j’ai pu juger de sa capacité à la joie. Lorsque plus tard j’ai demandé qui était cette fille charmante, on s’est étonné que je ne connaisse pas l’exceptionnelle comédienne qu’elle était.

Comme le font ceux qui réduisent les autres à leurs trophées, on me déroula un vertigineux tapis rouge: lauréate de nombreux prix très convoités, dont un International Emmy Award, le prix Romy-Schneider et l’European Shooting Star de la Berlinale, elle avait donné la réplique à de grandes stars, des Binoche, Huppert, Bellucci, venait de tourner dans le dernier Woody Allen, avait fait salle comble dans les théâtres les plus prestigieux. Il était indéniable que tous ces honneurs n’avaient nullement enivré mon acolyte de dancefloor, au contraire. Elle avait cette chose profondément humble qui s’ignore elle-même, traverse les cœurs sans effort, se donne au monde sans se regarder : la grâce.
 

La complicité un peu sauvage de Lou de Laâge avec la musique témoigne de sa capacité à la joie.
 

Lorsque je l’ai recroisée plus tard, j’ai découvert sa drôlerie, son acuité et cette rare attention à l’autre. Son frère Marius confirme son humanité, évoque un tempérament décidé, farouche, parfois mordant. En dépit de sa réserve, j’ai fini par demander à celle dont les yeux vous écoutent si elle voulait bien me parler d’elle. Alors, Lou de Laâge – Proust aurait troqué toutes les Guermantes pour ce nom-là – s’est un peu dévoilée, avec ce timbre de voix très grave qui surprend, qu’on ne prête pas d’emblée aux délicates porcelaines de Saxe.

Sursum corda – Haut les cœurs ! – on n’aurait pu trouver meilleure devise pour l’enjouée et fantasque famille de Laâge, du côté du père de Lou. Une caste désargentée au fil des siècles, issue d’une lignée d’écuyers royaux qui, pas très visionnaires, dit-elle, obtinrent cette particule peu avant la Révolution française. C’est de l’union de ce père journaliste politique et d’une mère peintre aux origines paysannes, tous deux libres d’esprit, que Lou et ses deux frères tirent une enfance atypique en Charente-Maritime.

Elle grandit entre un minuscule hameau à Montendre, en pleine campagne, dans une maison volontairement sans eau chaude ni électricité, et Bordeaux, où l’école ennuie. « Montendre, c’était improbable mais très vivant. On était une bande de gamins en liberté, dont ma meilleure copine karatéka. On se marrait avec pas grand-chose. Avec mon frère Marius, on avait bricolé un stand de fleurs cueillies dans les prés. Seul un voisin, apitoyé, nous achetait des bouquets. Il a nous a avoué plus tard qu’en nous voyant là tout contents, à attendre en vain je-ne-sais-qui, il s’était demandé ce qu’on allait devenir, où on allait atterrir dans la vie. » Une enfance aux lueurs de fable – avec ses enchantements et ses ombres – qui réclame un « Il était une fois ». Entre petits poucets courant les champs la bride au cou, lavés au baquet et foutraques réunions de famille dans un petit château décrépi résonnant de disputes et d’éclats de rires sous de vieux crucifix, Lou pousse dans des décors romanesques habités de personnages chamarrés qui abreuvent son imagination.

 

 

Elle évoque une tribu qui l’arme de valeurs solides, du goût pour l’aventure et du sens du destin: « J’ai appris ce qu’est l’amour avec cette famille qui a un rapport spécial à la joie, à l’insolence de la pensée, à l’indépendance. Enfant, j’étais déjà en tournée sur la route. À seulement 15 ans, mes parents m’ont laissé partir vivre plusieurs mois fous à Mexico City, dans une troupe bricolée par notre prof de ballet, une Argentine sublime à la vie un peu louche. Ils avaient confiance car pour eux, si la vie propose quelque chose de différent, d’un peu extraordinaire, mené avec passion, il faut y aller: ça ne se présentera pas deux fois. »

Lou apprend à oser, toutes voiles dehors. Et quand le vent tourne elle n’est pas de ceux qui vont s’épuiser à nager contre la houle. Elle a l’instinct de se laisser porter par le courant, sans peur des rivages inconnus. « Je laisse advenir. Je ne suis pas dans le combat, la bagarre pour obtenir les choses, j’ai constaté que pour moi c’était vain. Je crois juste qu’on doit vivre, avancer, échouer en étant totalement investi et engagé. Rien n’est grave. L’histoire est déjà écrite. Je crois en quelque chose de plus grand qui décide que ça se passera ou pas. » Dieu ? Oui, elle se dit croyante, même si le baptême n’a pas été imposé par sa famille de catholiques plutôt rock’n’roll. « La foi m’ancre dans une histoire, me sert de garde-fou et me nourrit. Je me dis que ça doit être extrêmement dur de traverser l’existence sans avoir ça. » À l’importance accordée à ce réconfort spirituel se devine la familiarité d’épreuves escarpées. Son amie de longue date, l’actrice et réalisatrice Margaux Vallé, lui trouve du cran: « Lou est quelqu’un qui ne se plaint jamais. Elle sait encaisser les coups sans en donner. Elle est tout-terrain. »
 

Lou pousse dans des décors romanesques habités de personnages chamarrés qui abreuvent son imagination. Elle évoque une tribu qui l’arme de valeurs solides.

 
Tous lui prêtent une véritable simplicité, une absence totale de vanité ou de convoitise, zéro bullshit. Et une aptitude aux révélations. Son épiphanie pour le théâtre survient quand elle a 6 ans, après avoir assisté avec sa mère à une pièce dont elle a oublié le nom. «Je veux faire ça», répétera la petite, complètement mordue. « Ça », c’est quoi ? « Je ne me souviens plus mais j’ai forcément ressenti de la joie et la furieuse envie d’aller hurler sur scène avec les comédiens. Je pratiquais le ballet, une discipline rigide où l’on doit se taire. À l’école, j’étais tétanisée à l’idée de devoir prendre la parole, d’être évaluée. À la maison, ma mère n’aimait pas le bruit, les éclats de voix. Mais j’avais apparemment besoin de me faire entendre puisque mes frères me surnommaient “la Poissonnière”. Alors découvrir ce lieu qui encourageait à parler fort, déborder, pouvoir sembler triste, vieux, jeune, fort, nul, ridicule sans jamais être jugé, a dû m’apparaître comme le paradis. J’ai découvert un art qui me rendait les mots amicaux. Un métier qui ressemblait à un jeu, un jeu qui pouvait devenir un métier, le rêve à 6 ans! C’est une grande chance d’être mordu, ça donne du sens à tout le reste, ça rend la vie savoureuse et moins dégueulasse quand elle est salope. »

Sa mère l’aurait préférée ballerine mais, à force d’insistance, Lou intègre à 10 ans la troupe de théâtre pour enfants de Montendre, fondée par Alice Michel, une adepte d’Ariane Mnouchkine et de Peter Brook. Les petits élèves partent en bus tous les week-ends donner des spectacles dans la région. La fillette qui apprenait en solo des poésies par cœur mais n’osait parler en classe peut enfin aller s’époumoner sur scène, faire de cette joie dont elle parle tant sa fonction. Si elle n’a depuis jamais lâché les planches, elle a su embrasser les surprises de la vie que ses parents l’ont encouragée à cueillir. Car il n’avait jamais été question de cinéma pour la jeune fille montée à Paris à 18 ans parfaire ses classes de théâtre à l’école fondée par Claude Mathieu. Elle se fâche même, piquée au vif lorsque celui-ci lui affirme un jour qu’il la sait faite pour le grand écran. Pour payer son loyer d’étudiante, elle cherche des petits jobs et décroche une publicité pour une célèbre marque de cosmétique dont elle espère, un brin naïve, que personne ne la verra. Raté: il suffit de ces quelques secondes devant une caméra pour qu’elle incendie l’écran.

Vite repérée, elle se voit proposer des rôles dans des téléfilms, qu’elle accepte « pour l’expérience ». Tout va alors s’accélérer. Dans le Journal du séducteur de Kierkegaard, le narrateur observe de loin la jeune fille qui l’obsède: «Un miroir est suspendu sur le mur opposé, elle n’y pense pas, mais le miroir y pense.» Ainsi, si Lou ne songeait pas au cinéma, celui-ci ne veut désormais plus se passer d’elle, lui devinant l’étoffe des grandes. Dévouée à sa passion originelle pour l’art dramatique, elle hésite avant d’emprunter cette autre route, guidée par son agente depuis toujours, Laura Meerson. « Laura a été la première qui m’a prise alors que je n’avais encore rien fait. Elle me laissait refuser des rôles au cinéma pour continuer de jouer au théâtre. C’est une immense chance. » Choisir ses rôles avec exigence et savoir en refuser, surtout quand on débute, est en effet chose rare dans un métier hanté par la peur d’être oublié. « L’inquiétude, je la connais. Les longues attentes sans propositions où tu te dis “OK, c’est mort”. Mais j’ai appris à lâcher prise. C’est fini ? Pas grave, je vais faire autre chose. Je remercie ceux, dont mon père, qui très tôt m’ont appris à dire non. Ce sont beaucoup tes refus qui te construisent et te définissent en tant qu’être humain. Je crois aussi que rien ne peut mal tourner si tu te protèges. »

 

 

Ce fort instinct de protection est-il l’autre nom de sa réticence à se répandre dans les médias ou sur les réseaux sociaux, dont elle est totalement absente? « J’ai l’impression qu’on parle déjà beaucoup et assez de soi à travers nos rôles. Le métier d’acteur ne devient impudique que si on perd son intimité, son jardin secret. J’ai toujours eu besoin d’être dans la protection, la distance. Je l’ai encore remarqué en apprenant les échecs avec de grands maîtres pour mon rôle dans Le Tournoi d’Élodie Namer. Je n’étais pas dans l’attaque, la stratégie, mais dans la défense, avec mon petit barrage de pions. Je n’ai jamais voulu être sur les réseaux sociaux, que cette permanence de l’image et du propos bouffe une case dans ma tête. Je suis comme tout le monde, si je tombe là-dedans, je vais passer ma vie à scroller ! L’éclipse médiatique est peut-être risquée pour une comédienne mais pour l’instant, on me propose encore des rôles et si on m’oublie, on verra ! »

 
Au cinéma, Lou de Laâge se révèle multiple.
 

Des rôles contrastés, subtils, que Lou décline sans se laisser confiner par une beauté que son jeu sait faire oublier. L’acteur et auteur Jocelyn Lagarrigue, qui a incarné son frère sur la scène de Chaillot dans Le Dernier Testament, d’après le roman de James Frey: « Oui, Lou est belle et très à l’aise avec son corps mais elle ne se regarde pas jouer, elle se donne sans fard et ne minaude jamais. Elle n’a pas peur d’y aller, de se salir. » Comme Charlize Theron, très amochée dans Monster, que Lou a regardé en cachette à 13 ans, captivée par une métamorphose hardcore qu’elle endosserait sans hésitation. «Je rêverais de jouer avec elle, avec Deneuve et Louis de Funès s’il était vivant!» Des artistes qui y sont allés, chacun dans leur registre, à fond les ballons.

Au cinéma, Lou se révèle multiple. Elle secoue en indocile internée chez les hystériques de Charcot dans Le Bal des folles de Mélanie Laurent, bouleverse en soignante héroïque dans la Pologne de l’après-guerre dans Les Innocentes d’Anne Fontaine, érotise et trouble L’Attente de Piero Messina, entre autres. Mais c’est en perverse narcissique, dans Respire, autre film de Mélanie Laurent, qu’elle prouve à quel point elle sait s’éloigner d’elle-même. Margaux Vallé avoue avoir été chamboulée par la toxicité de ce personnage parvenu à lui rendre méconnaissable une amie si familière, si dénuée de noirceur. Guettant tout de même des demi-jours, on peut deviner une Lou ombrageuse, incisive, cabrée ou taciturne. Elle s’avoue excessive – « Aucune envie de me brider », dit-elle en vidant une nouvelle coupe de champagne. Et en m’invitant à sonder Jocelyn, qui la connaît bien: « Lui trouver des défauts est un peu compliqué… Elle arrive très en retard, n’a aucun sens de l’orientation, marche fâcheusement vite, peut être imprévisible. Je veux surtout parler de son humour désarçonnant. Il y a peu, on a eu un fou rire tel que j’en suis tombé de ma chaise. »

Si Lou a appris à aimer la confection et la cadence du cinéma, quitte à choisir, elle resterait fidèle aux planches. « Le cinéma a été un ami plus tardif, moins évident. J’aime la liberté, le lâcher-prise, la possibilité qu’offre le théâtre de tordre un texte. On ne peut pas s’y cacher, les masques n’y tiennent pas longtemps. Je suis lente, alors j’aime avoir ce temps de me tromper, d’explorer avant de pouvoir viser juste, ce que le rythme d’un tournage ne permet pas. Puis il y a le rapport au public. On ne reçoit pas la même chose en direct ou en différé. Être regardée par des yeux ou par un œilleton ne fait pas battre le cœur de la même manière. » Des cœurs qu’elle ne fera pas chavirer à Cannes cette année. Sans film à y défendre, elle ne voit pas l’intérêt et sait ne pas avoir les épaules de «guerrière» que la frénésie de la Croisette exige. Elle tourne en ce moment à New York une série de la réalisatrice américaine Amy Palladino, où elle campe une danseuse étoile-éco-warrior « qui va foutre un beau bordel ».

 
“Être fêtée est un moment joyeux, léger. Mais ce n’est pas cette satisfaction-là qui va te porter dans la vie.”
 

New York, où elle a reçu en 2022 l’International Emmy Award de la meilleure actrice pour Le Bal des folles. Comment porte-elle ces déjà nombreuses couronnes de lauriers ? « Je n’ai jamais cherché ça, mais ça fait bien sûr plaisir quand tu as beaucoup travaillé un personnage. Mais certaines nominations m’échappent: en palefrenière dans Jappeloup de Christian Duguay, ma performance consistait à me tenir debout à côté d’un cheval. En quoi ça mérite toutes ces fanfreluches ?! Être fêtée est un moment joyeux, léger. Mais ce n’est pas cette satisfaction-là qui va te porter dans la vie. C’est plutôt d’arriver à garder une forme de joie à soi, ton essence d’être humain. »

Cette importance réitérée aux vertus de l’âme n’empêche pas un sex-appeal bien charnel qui ne fait pas de Lou qu’une créature de l’esprit. Cette sensualité manifeste, animale, qu’elle ne peut feindre ni dissimuler – même sous un petit imper tout simple et un visage nu –, a-t-elle attiré de ces prédateurs du milieu, aujourd’hui dénoncés ? « Il ne m’est jamais rien arrivé avec de tels hommes. Je ne peux que soutenir, féliciter et encourager ces femmes qui se libèrent, dénoncent, font bouger les lignes. Malgré ça, je crois que les prédateurs existeront toujours, à moins qu’on arrive à faire l’impossible: transformer la nature humaine. »

Alors quittons cette humanité corruptible pour un portrait chinois tissé par ses proches – végétal, minéral, péché capital, arme: coquelicot, fer, colza, pierre de taille, gourmandise, émeraude, dent de requin portée au cou, fleuret, la rose coquette sous globe de verre de Saint-Exupéry et le pistolet de Gena Rowlands dans Gloria. Lou finit son champagne, servi dans un grand calice doré, avant de s’évaporer. Il faudra la retrouver en suivant les cailloux blancs qu’elle vient de semer sur le chemin. Dans les bois de l’enfance, des petits poucets, sous les feux de la rampe, sur les pistes de danse: Lou y es-tu ?

Si on me demandait à mon tour qui était cette jeune femme qui dansait en souriant sur de la soul music, je répondrais peut-être: « une étoile ». De celles qui, dans un monde encombré de verbiage, s’élèvent sans vacarme. Jocelyn Lagarrigue la pare de ces derniers mots: « C’est une vieille âme. Elle est dans la vie, elle ne marche pas à côté. Lou, c’est le présent qui vous salue. »

 

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Enjouée et imprévisible, la comédienne se sent plus à l’aise sur scène que devant la caméra. Et se tient à distance des réseaux sociaux et du star system.   Ce n’est pas le bleu minéral de ses vastes yeux qui frappe d’abord, c’est leur profondeur. Lou a l’un de ces regards dans lesquels on pourrait trébucher s’il n’était si droit, si attentif. Ses yeux vous écoutent, dépourvus de tout calcul, séduction ou artifice. Aussi rare hors-champ que célébrée sur les planches et à l’écran, la comédienne de 34 ans se distingue par un alliage singulier de mystère et d’allégresse. Habitée, un peu canaille, Lou intrigue par ce je-ne-sais-quoi que le philosophe Henri Bergson nommait joliment un supplément d’âme. Une nuit, nous sommes tombées face à face sur une piste de danse. J’ignorais qui elle était mais, quand on s’accorde sur la soul de Minnie Ripperton, le feeling révèle des choses de l’autre qui se passent de présentations. Par sa complicité un peu sauvage avec la musique, j’ai pu juger de sa capacité à la joie. Lorsque plus tard j’ai demandé qui était cette fille charmante, on s’est étonné que je ne connaisse pas l’exceptionnelle comédienne qu’elle était. Comme le font ceux qui réduisent les autres à leurs trophées, on me déroula un vertigineux tapis rouge: lauréate de nombreux prix très convoités, dont un International Emmy Award, le prix Romy-Schneider et l’European Shooting Star de la Berlinale, elle avait donné la réplique à de grandes stars, des Binoche, Huppert, Bellucci, venait de…

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