L’Enzyme (journaliste radio): Et sur la route de la Grande Ronde, aujourd’hui, une étape de 184 km attend le peloton avec, en fin de journée, l’ascension du terrible col de la Bretelle. Le leader de l’épreuve, le Français Roland Mignon, de l’équipe Saucisson La Charcutière, tentera d’y consolider son maillot jaune.
La Foule (voix fugitives) – C’est Mimi! Mi-mi! Mi-mi!
Meilhan (se parle à lui-même) – Écoutez-les! “Mimi, Mimi!” C’est toujours la même rengaine. “Mimi! Mimi!” J’en peux plus, moi, de ces Mimiles qui crient “Mimi”. S’ils savaient ce que moi je sais sur monsieur Roland Mignon, patron du peloton et roi des cons… Tenez, encore ce matin, alors qu’un gamin venait lui demander un autographe. Vla! Une de ces torgnoles, il lui a envoyé. Ça, ça ne trompe pas. On lui a encore filé un truc qu’énerve. Même moi, je suis moyen excité. J’ai pris les vitamines sans rechigner. C’est vrai qu’aujourd’hui, j’ai du boulot.
La Foule – Allez Meilhan, c’est bien mon gars!
Meilhan – Tiens, un qui m’a reconnu. Je commençais à croire que j’étais l’homme invisible. Ça doit être un gars de chez moi, un gars de Saint-Philibert.
Le Directeur Sportif (dans l’oreillette) – Bon, Coco, on va pas tarder, hein? Dans deux bornes, c’est à toi d’jouer.
Rumeur, cris indistincts, bruit des roues
Meilhan – Ça, c’est le pire. Je supporte plus. Cette putain de voix nasillarde qui remplace ma conscience. Cette putain d’oreillette. Et Coco, fais ci, et Coco, fais ça. Coco. Putain.
La Foule – Mi-mi! Mi-mi!
Meilhan – Et l’autre con, y s’est pas encore manifesté. Mais dès que je vais attaquer la côte, dès que j’vais me lever sur les pédales, je vais l’entendre, sa voix de fausset! Vas-y mollo! Tout doux! J’irai à l’allure que j’veux, d’abord… Et si t’es un champion, t’as qu’à suivre.
Commentateur Sportif – Et nous voilà à seulement un kilomètre de la grande ascension du jour, le col de la Bretelle. Nul doute qu’on va bientôt assister à la grosse bagarre, mon cher Bernard.
Mon Cher Bernard – Ça, c’est sûr… Et Roland Mignon n’a pas le choix. S’il veut faire exploser le peloton, il faut qu’il lance les hostilités.
La Foule – Mi-mi! Mi-mi! (plus un: Vas y Poupou!)
Meilhan – Mi-mi, Poupou, Na-nar. Tiens, si ç’avait été moi le leader de l’équipe, ils auraient gueulé Mé-mé, les beaufs. J’sais pas si ça m’aurait plu.
Le Directeur Sportif – Bon, Coco, tu te prépares, dans 400 mètres, on balance la purée, OK? Mais tu y vas progressivement, hein? Va pas me lâcher Roland, OK?
Meilhan (in petto) – Parce que quoi? Parce que je connais pas mon métier par hasard? Ça fait deux ans qu’on leur fait le coup aux autres dans la montagne. Et hop, Meilhan accélère et emmène dans sa roue le maillot jaune Roland Mignon… Et au bout de cinq bornes, je me relève et laisse gagner l’autre gros con. C’est comme ça qu’il a gagné deux Grandes Rondes, le Mimi… Encore ce matin, au briefing…
La Voix Du Directeur Sportif (sur le ton de la confidence et pas dans l’oreillette) – Coco, tu te sacrifies pour Roland. Tu l’emmènes jusqu’au sommet du dernier col à un train d’enfer, quitte à exploser. Arrivé en haut, tu décroches. Tu le laisses filer vers une victoire “méritée”.
Le Directeur Sportif (dans l’oreillette) – Allez Coco, c’est parti, on largue les amarres!
Meilhan – Allez… Quand faut y aller, faut y aller… Han (Il ahane, souffle comme un phoque.)
Commentateur Sportif – Oh là là, oh làlà! Démarrage de Meilhan, démarrage de Meilhan! Ça y est, c’est parti.
Mon Cher Bernard – Et oui, la grosse bagarre est déclenchée.
Commentateur Sportif – Ça, c’est sûr, mon cher Bernard, on ne va pas s’ennuyer. Restez avec nous pendant la pub!
Meilhan (ahane à nouveau) – Tiens, prends ça, mon mignon! Tu suis encore? Ouais. Mais j’la vois ta sale gueule qui grimace. Dans deux minutes, tu me rappelles à l’ordre.
Mignon (dans l’oreillette) – Oh, oh, mollo, Cyril, tu vas me larguer si tu continues!
Meilhan (à voix haute) – OK, excuse-moi…
Meilhan (in petto) – Si je m’écoutais, je démarre et j’te largue là. Moi, je suis en pleine forme, pas le moindre problème, si je veux, je me tire, là, tout de suite et on me revoit plus. C’est le sponsor qui ferait la gueule avec toutes les affiches de toi qu’il a placardées dans la France entière avec ta tête de nœud. Comme Roland Mignon, je mange du saucisson!
Le Directeur Sportif – Plus vite, Coco, plus vite, merde! T’as pas largué les Espingouins, là… Faut y aller, là, faut y aller! Allez, Roland, tu prends la roue, on en remet un coup.
Mignon – Tout doux, Cyril, t’accélères, mais pas trop vite, OK?
Meilhan (in petto) – Ta gueule. T’avais qu’à bouffer plus de saucisson. Le chef a dit plus vite, je vais plus vite! Allez, on repart.
La Foule – Mi-mi! Mi-mi!
Commentateur Sportif – Oh! Et voilà que Meilhan en remet un coup! Quelle santé! Quel lascar! Ah, Roland Mignon peut vraiment s’estimer heureux d’avoir un équipier comme ça.
Mon Cher Bernard – Ça, c’est vrai, mon cher Christophe, on ne louera jamais assez le rôle des bras droits, des capitaines de route, leur sens du sacrifice. C’est presque aussi dur à trouver qu’un bon leader.
Meilhan (grommelle) – Bon, y suit ou pas, l’autre naze? Y suit. Y fait la gueule, mais y suit.
Le Directeur Sportif – C’est bon, Coco, t’es en train de larguer Serrano. Remets en un p’tit coup.
Commentateur Sportif – Serrano en difficulté! Serrano en difficulté. Oh! Et maintenant Accoceberry!
Mon Cher Bernard – J’ai bien l’impression que l’armada espagnole est en déroute!
Commentateur – Oui. Mignon et Meilhan ont pris cent bons mètres.
Le Directeur Sportif – Ça y est les gars, ils ont sauté! Allez, allez, on met toute la gomme!
Rumeurs de foule.
Meilhan – Ça, c’est le moment que je préfère, quand on lâche les bœufs et que derrière, y a plus rien. Y a plus que toi, toi et la foule qui crie… qui crie, qui crie… Qui crie le nom de l’autre con.
Mignon – C’est bien, Cyril, tu restes comme ça, à allure constante. Dans deux bornes, tu décroches et je me tire.
La Foule – Mi-mi! Mi-mi!
Meilhan – Putain, j’en ai marre de les entendre tous alors que je file comme ça, avec le vent comme seul allié, comme seul complice. Vas-y Mi-mi! Vas-y Co-co. Cyril Meilhan, je m’appelle Cyril Meilhan, et quand on était amateur, je le battais tous les dimanches, le grand Roland Mignon. Après y a eu les blessures, ma suspension pour dopage, et voilà le travail. J’suis qu’un connard d’équipier. Un gregario. Même la femme que j’aimais, il me l’a piquée. Nathalie… Enfin, c’est ce qu’il croit.
Commentateur Sportif – Ah c’est formidable, le travail effectué par Cyril Meilhan! Formidable!
Mon Cher Bernard – Oui. Il emmène vraiment le tempo parfait pour son leader.
Commentateur Sportif – Car on ne rappellera jamais assez que le cyclisme est un sport d’équipe, n’est-ce pas mon cher Bernard?
Mon Cher Bernard – Jamais assez, en effet…
Le Directeur Sportif (dans l’oreillette) – Bon les gars, on calme le jeu. Dans moins d’une borne, y a un léger dévers dans le sous-bois. Super piégeux. La route est étroite et on ne peut pas vous suivre là-bas, ni les bagnoles ni les motos! Alors pas d’imprudence!
La Foule – Mi-mi! Mi- mi! (de plus en plus faible)
Bruit des roues, des oiseaux chantent.
Meilhan (in petto) – Le silence, enfin… Quand je m’entraînais, gamin, c’est ça qui me plaisait le plus, le silence au milieu des cols. Comme là… C’est génial. Pas un spectateur, plus de voix, plus d’oreillette, plus rien. Le bruit des roues qui sifflent. Ma roue. Sa roue. La roue de mon… leader. Rien que lui, lui et moi. C’est ma chance… Notre chance. Hein, Nathalie…
Meilhan (crie) – Roland, viens là!
Meilhan (in petto) – Approche, mon petit, approche. Nous sommes seuls. Rien que toi et moi. Seuls face à nous-mêmes, face à notre vérité. Allez, approche! Oui, c’est ça, viens à ma hauteur. Oui, c’est bien, c’est ça, côté précipice. Le ravin est là. Ma chance, ma seule chance d’arrêter enfin ces putains de voix dans ma tête. De n’entendre plus que la douce voix de Nathalie qui me murmure qu’elle m’aime. Ça y est, il est là…
Mignon – Qu’est-ce que tu veux?
Meilhan (crie) – Ça!
Bruits étouffés, de machine qui dégringole, de chocs. Freins de vélo.
Meilhan – Putain, il a même pas crié! Je peux même pas parler dans l’oreillette. C’est à sens unique, ces cochonneries pour les gregarios comme moi. T’écoute et tu la fermes. Y a une bagnole qui monte. Bon allez, je descends le chercher.
Il ahane, casse des branches, appelle: “ Roland! ”
Mignon (la voix blanche) – Chuis là!
Meilhan (in petto) – Il est même pas mort, ce con. On va arranger ça. Ça y est, je le vois. Oh, putain! Il est pas beau à voir, le double vainqueur de la Grande Ronde… Et sa bécane, on dirait une sculpture abstraite.
Mignon – Par là!
Meilhan (à voix haute) – Ouais, je t’ai vu. Ça va? (in petto). Pourquoi tu me regardes comme ça? T’as peur, hein? T’as peur de moi, on dirait… Et bien t’as raison.
Mignon – Cyril?
Meilhan – Oui?
Mignon – C’est toi qui m’a poussé?
Meilhan – Oui. C’est moi. Et tu vois, cette pierre? Et bien je vais finir ce que j’ai commencé.
Mignon – Mais pourquoi, Cyril? C’est à cause d’elle, c’est ça? À cause de Natha….
Bruit sourd, petit cri. Il lui fracasse le crâne.
En haut, le bruit de freins de voiture.
Voix Lointaine – Ça va en bas?
Meilhan (in petto) – Ça va. (crie) C’est Mignon! Il est tombé! Venez vite. Je crois qu’il s’est fait mal…
L’Enzyme: Et nous retournons après ce journal sur la route de la Grande Ronde où, apparemment, le maillot jaune Roland Mignon a été victime d’une chute sérieuse. En attendant, la météo…
….
L’Enzyme – Et nous retrouvons nos envoyés spéciaux sur la route de la Grande Ronde, dont le maillot jaune, Roland Mignon a été victime, semble-t-il, d’une grave chute. Christophe?
Commentateur Sportif – C’est terrible. Je crois qu’on peut désormais craindre le pire pour Roland Mignon. D’après les informations dont nous disposons, le maillot jaune de la Grande Ronde a perdu connaissance. Mais retrouvons sur place Céline Ferro, avec la moto.
Céline – Oui, Christophe, écoutez, il est très difficile à cette heure d’avoir des informations précises sur l’état de santé de Roland Mignon, mais il n’a toujours pas été remonté du ravin et les secours s’activent. Je crains que ce ne soit grave, très grave.
Mon Cher Bernard – Ah, c’est terrible. Terrible… Ce sont vraiment des scènes qu’on espère toujours ne pas revoir.
Commentateur Sportif – Et oui, mais il faut rappeler, mon cher Bernard que le cyclisme est un sport à risques.
Mon Cher Bernard – Et que Roland Mignon ne portait pas de casque. Rappelons-le aux cyclotouristes. Le casque!
Commentateur Sportif – Tenez, nous allons revoir les images qui ont juste précédé la chute. Voilà, on dirait que Meilhan fait signe à Mignon de venir à sa hauteur… Et puis, plus rien… Les deux hommes disparaissent dans le sous-bois. Céline?
Céline – Oui, ici, sur le lieu de la chute, je vois le directeur de la Grande ronde, Jean-René Lenoir, qui s’approche. Jean-René! Oui. Il a l’air très éprouvé. Jean-René, s’il vous plaît …
Commentateur Sportif – Nous l’écoutons, Céline, nous l’écoutons.
Jean-René Lenoir – Oui, euh… Écoutez… D’après les informations que vient de me fournir le Dr Solange Lavitre, médecin de la Grande Ronde, Roland Mignon est décédé dans une chute terrible survenue dans l’ascension du col de la Bretelle. Toute la direction de la Grande Ronde est sous le choc et transmet ses plus sincères condoléances à sa famille.
Céline – Êtes-vous en mesure de nous en dire plus sur les circonstances de la chute?
Jean-René Lenoir – Écoutez, son équipier Cyril Meilhan est à ses côtés et a assisté à toute la scène. Apparemment, le pneu arrière de Mignon aurait éclaté et le maillot jaune est tombé dans le ravin. Vous imaginez que Meilhan est en état de choc et a du mal à nous expliquer exactement ce qui s’est produit. Leur directeur sportif, Yvon Aimard, arrivé par la suite, devrait être en mesure de vous en dire plus.
Céline – Mais voici que Cyril Meilhan sort à son tour du ravin. Mon Dieu, son visage est lacéré par les branches. Mais… Mais il remonte sur son vélo!
Commentateur Sportif – Oh! Quel courage, quelle abnégation!
Mon Cher Bernard – Oui, nous sommes en train de vivre un grand moment de sport!
Commentateur Sportif – Un grand moment tout court, mon cher Bernard. Un grand moment tout court.
Céline – Attendez, je m’approche d’Yvon Aimard, le directeur sportif de Mignon et de Meilhan. Yvon! Yvon! Alors Cyril repart?
Yvon Aimard – C’est une décision très difficile à prendre, mais elle lui appartenait. Cyril a toujours été très proche de Roland, ils partageaient la même chambre… Il conserve toujours une petite avance sur nos poursuivants et il a décidé d’aller gagner l’étape. Pour Roland.
Céline – En somme, la course continue.
Yvon Aimard – Oui, même si vous imaginez bien que, pour nous, tout cela est à présent bien dérisoire. Qu’est-ce qu’une course comparée à la vie d’un homme, à la peine de ses proches? Rien. Mais Cyril a voulu repartir. Je pense que c’est pour lui le seul moyen d’exorciser sa peine. Il faut repartir.
Bruits d’hélicoptère.
Céline – Et oui. Christophe? L’hélicoptère de la sécurité civile se pose à nos côtés, c’est très délicat dans cet enfer, et dans ce sous-bois, d’autant que les coureurs arrivent les uns après les autres.
Commentateur Sportif – Oui, c’est une image extraordinaire. Terrible…
Mon Cher Bernard – Que peut-on dire après de telles images? Les mots sont superflus.
Commentateur Sportif – C’est bien vrai, mon cher Bernard. Néanmoins, la course continue et nous vous donnerons bien évidemment des nouvelles de Roland Mignon dès que nous en aurons.
Mon Cher Bernard – Oui. Je vous rappelle, pour ceux qui nous rejoindraient sur France 12 que le maillot jaune de la Grande Ronde, Roland Mignon, est décédé des suites d’une chute dans l’ascension du col de la Bretelle. Son coéquipier Cyril Meilhan reste seul en tête de la course.
Commentateur Sportif – Et en dépit de sa peine terrible, il nous livre ici, devant les caméras de France 12, un extraordinaire spectacle! Des écarts, Céline?
Céline – Oui. Serrano est à 2 minutes 30, Accoceberry à 3’15. Quant à Hawkins, il est à la dérive, à plus de cinq 5 minutes du leader.
Commentateur Sportif – Alors Bernard, qu’en pensez-vous? Peut-il aller au bout?
Mon Cher Bernard – Allez savoir. C’est bien possible. Vous savez, Meilhan est un très bon coureur, il l’a montré à de nombreuses reprises en montagne. Et parfois, l’adrénaline, la rage, la peine peuvent agir en véritables stimulants. Une sorte de bon dopage.
Commentateur Sportif – Et oui, car nous ne pouvons pas oublier un seul instant la tragédie dont nous venons d’être les témoins, mais dont le premier témoin fut Meilhan.
Céline – Oui, Christophe. Derrière, il faut dire que les poursuivants ne mènent pas vraiment la chasse. Tout le monde a entendu l’annonce du décès de Mignon dans les oreillettes et, en hommage au disparu, ils vont sans doute laisser Meilhan aller chercher la victoire.
Commentateur Sportif – C’est vrai que l’écart se creuse. Quatre minutes pour Cyril Meilhan, quatre minutes à présent…
Mon Cher Bernard – C’est exact, mon cher Christophe, il y a comme ça des règles non écrites au sein du peloton, des règles d’honneur. Meilhan n’est plus qu’à 10 km de l’arrivée. Je me demande qui aurait le front d’aller le chercher maintenant.
Commentateur Sportif – Et le public, de plus en plus nombreux, lui fait comme une haie d’honneur.
Céline – C’est extraordinaire! Ils scandent tous le surnom de Mignon! Tenez, écoutez…
La Foule – Mi-mi, Mi-mi!
Céline – C’est extraordinaire! J’en ai des frissons. Et Meilhan a les larmes aux yeux, c’est fantastique.
Commentateur Sportif – Quelle émotion pour lui, quelle journée terrible. Être ainsi obligé d’aller chercher la victoire promise à son leader… Quelle grande joie!
Mon Cher Bernard – Oui, mais quelle peine aussi! Un vrai crève-cœur…
Céline – Et écoutez, c’est fantastique, voici que la foule se met à scander son nom!
La Foule – Meilhan! Meilhan! Mé-mé, Mé-mé.
Commentateur Sportif – On dira ce qu’on voudra, mon cher Bernard, mais seul le sport nous procure des moments d’une telle intensité.
Mon Cher Bernard – D’une telle communion avec le public. Et voilà que Meilhan relance la machine. Ah, c’est beau…
Commentateur Sportif – S’il n’y avait pas cet imbécile qui court à côté de lui!
Mon Cher Bernard – Ce n’est pas faute de le répéter sur tous les tons. Ne courez pas auprès des coureurs, vous risquez de les faire tomber.
Commentateur Sportif – Ah non, mon cher Bernard, ne parlez pas de malheur!
Céline – Et regardez, un peu plus haut sur la droite, une banderole vient d’être déployée: “Mi-mi, pour toujours dans nos cœurs”.
Commentateur Sportif – Ah, je dois dire qu’il est difficile de contenir notre émotion.
Mon Cher Bernard – Surtout que voici Meilhan sous la flamme rouge du dernier kilomètre. Il va gagner, le bougre!
Céline – Je suis à ses côtés. Ah, ce regard, c’est effrayant. On dirait qu’il se parle à lui-même.
Commentateur Sportif – Et que dit-il?
Céline – Il sert les dents. On dirait qu’il dit… Vas-y, Coco!
Commentateur Sportif– Ah! Quel exploit! Quelle leçon! Et voilà, Cyril Meilhan franchit la ligne d’arrivée et tend le bras vers le ciel. L’index désignant les nuages au-dessus de nous. Je crois, mon cher Bernard que le message est clair
Mon Cher Bernard – Oh oui, mon cher Christophe, pas besoin de demander à qui il dédie sa victoire. J’en ai la chair de poule…
Céline – Et écoutez la clameur de la foule! On sent le respect, l’émotion aussi.
La Foule – Mi-mi! Mi-mi! Mé-mé! Mé-mé!
Commentateur Sportif – Ah oui, un grand moment. Restez sur France 12, nous revenons sur la Grande Ronde après une petite page de publicité.
L’Enzyme: C’était la route de la Grande Ronde, avec le Saucisson La Charcutière. Saucisson La Charcutière, du plaisir pour la vie entière! Nous reviendrons bien sûr sur la terrible étape du jour et le décès de Roland Mignon dans notre journal de 20 heures. Mais pour l’instant, la suite de nos programmes…
François Thomazeau, auteur d’une soixantaine d’ouvrages, dont une vingtaine de romans, a été journaliste sportif, libraire, restaurateur et éditeur. Il est également traducteur de l’anglais et lecteur pour plusieurs maisons d’édition nationales. Il fut avec Jean-Claude Izzo et Philippe Carrese l’un des précurseurs du « polar marseillais » dans les années 1990. Il cofonde ensuite la maison d’édition l’Écailler du Sud, aujourd’hui l’Écailler et Bastille Magazine. Depuis 2023, il est le président de l’Association des écrivain et écrivaines de Marseille.
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